FEVRIER
2002
Courrier
posthume
Un évêque écrit
chaque année à Martin Luther KING Jr
Chaque année, l'évêque
évangélique méthodiste Woodie W. WHITE écrit
une lettre à son ami et collègue, feu le pasteur
Martin Luther KING Jr., peu avant l'anniversaire de celui-ci,
le 15 janvier. WHITE, 66 ans, fut le premier secrétaire
exécutif de la commission "religion et race"
de l'Église, où il a servi de 1969 à 1984.
Il fut élu évêque en 1984 et dirigea la région
de l'Illinois pendant 8 ans, avant d'être nommé
dans la région de l'Indiana en 1992. Nous reproduisons
ci-après la lettre de cette année de WHITE au leader
des droits civiques:
Cher Martin,
Quelle année 2001! Depuis votre mort, aucun événement
n'a produit un tel impact sur moi que celui du 11 septembre.
J'écris cette lettre avec un grand vide dans le coeur.
Martin, ce jour là, une attaque terroriste comme on n'en
avait jamais vue a été lancée contre le
Pentagone et le World Trade Center de New York ; une attaque
visant apparemment Washington a échoué, alors qu'un
avion s'est écrasé en Pennsylvanie. Au total, plus
de 5000 personnes ont été tuées.
J'étais en train de regarder les informations matinales
quand j'ai vu l'un des avions entrer en collision avec l'une
des tours du World Trade Center. Rien ne m'avait préparé
à une telle vision.
Je suis encore rempli de douleur au sujet de toutes les familles,
les amis et les proches de ceux qui sont morts, parmi lesquels
des centaines de policiers et de pompiers tués au début
de l'action de secours.
Hélas, des milliers de corps, mêlés aux décombres
du World Trade Center, ne seront sans doute jamais retrouvés.
L'horreur de tout cela et la réponse des États-Unis
qui s'en est suivie, ont encore accru la souffrance.
Dieu doit pleurer!
Cette tragédie est un rappel dramatique de la profondeur
de la haine et de la malveillance dans le monde et dans les esprits
et les coeurs de tant de gens.
Martin, je me souviens encore de la forte parabole de ton livre
"Where do we go from here?" (Et maintenant, où
allons-nous?). Tu évoquais la trame d'un roman inachevé,
trouvée dans les papiers d'un auteur décédé.
Le thème: "Une famille profondément déchirée
hérite d'une maison dans laquelle tous les membres doivent
cohabiter".
Martin, en bien des lieux et de bien des manières, la
famille humaine reste divisée.
Divisée par des siècles de haine et d'hostilité,
de préjugés et de sectarisme, de cupidité
et d'exploitation. La réalité incontournable est
que nous partageons une " maison commune ", le globe,
une nation, un état, une ville ou une communauté.
Nous devons et voulons vivre ensemble.
Aux États-Unis, nous continuons à être confrontés
au défi de savoir comment une famille si diverse et divisée
pourra vivre unie. La race et, de plus en plus, la classe sociale
sont les barrières divisant la "famille".
Les barrières institutionnelles de la discrimination raciale
continuent de tomber. De multiples manières, nous sommes
témoins de succès en matière raciale que
nous n'aurions pu imaginer il y a trois décennies. Mais
les barrières du coeur restent en place. Déplorablement,
elles réapparaissent avec chaque nouvelle génération.
Si tu veux, de nouveaux racistes surgissent. Ainsi, les progrès
et les succès sont pollués par un certain degré
de rétrogression.
Martin, alors que l'anniversaire
de ta naissance est fêté dans tout le pays - cela
constitue en soi un fait digne d'être célébré
- nous prenons conscience, de multiples façons, que nous
sommes devenus une Amérique meilleure. Mais malheureusement,
les preuves sont nombreuses qui démontrent que dans la
société et même dans l'Église, le
"rêve" n'est pas encore pleinement devenu réalité.
Il n'y a sans doute pas de termes plus appropriés que
les tiens pour conclure cette lettre:
" Malgré les tensions
et les incertitudes de notre époque, quelque chose de
profondément significatif est en passe de se produire.
D'anciens systèmes d'exploitation et d'oppression sont
en voie de disparition ; de nouveaux systèmes de justice
et d'égalité sont en train de naître. Nous
vivons véritablement dans un temps extraordinaire. Je
ne suis par conséquent pas encore découragé
au sujet du futur. J'admets que l'optimisme facile du passé
n'est plus possible. J'admets que nous sommes confrontés
à une crise mondiale, qui nous laisse souvent isolés
au milieu de la rumeur montante de l'océan agité
de la vie. Mais chaque crise a ses dangers et ses opportunités.
Elle peut apporter soit le salut, soit la condamnation. Dans
un monde sombre, en proie à la confusion, le Royaume de
Dieu peut encore régner dans les coeurs des hommes"
Martin, je crois que nous allons vaincre parce que vraiment,
nous sommes en train de gagner! Bon anniversaire!
Woodie
Service de presse évangélique méthodiste
/ UMNS
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