FEVRIER
2002
Le
monde est ma paroisse
Relations entre
Catholiques et Méthodistes
Catholiques romains et Méthodistes
poursuivent un dialogue ininterrompu au sommet depuis plus de
trente ans. Une commission bi-partite s'est formée composée
de représentants du Conseil pontifical pour l'unité
des chrétiens et de représentants du Conseil Méthodiste
Mondial. Cinq accords doctrinaux ont été signés
et publiés depuis. Hélas, ils sont restés
inconnus du public de nos Églises et des pasteurs aussi,
en francophonie du moins. Dommage!
Pareilles relations bilatérales ne sont pas si étranges
de nos jours, elles deviennent même monnaie courante jusqu'en
France: après les Réformés, les Anglicans,
les Luthériens, c'est au tour des Baptistes, des Pentecôtistes
et des Mennonites d'en venir à ces échanges doctrinaux
(cf. le BIP).
Pour des Méthodistes qui se veulent fidèles à
leur vocation première, ce dialogue est inévitable
et incontournable à la suite d'un John WESLEY rompu le
premier dans l'art du dialogue interdénominationnel. On
lui doit un sermon sur l'esprit catholique, qui fait date sur
le sujet, un magnifique hymne à la tolérance inégalé
et inégalable: " Homme de Dieu, pense à
ces choses ! Si tu es déjà sur la voie, continue
d'y marcher ; mais si jusqu'à présent tu as méconnu
cette voie, bénis Dieu qui t'y ramène ; et maintenant,
sur la route royale de l'amour universel, poursuis la course
qui t'est proposée. Prends garde de ne pas flotter dans
tes opinions et de ne point rétrécir les entrailles
de tes compassions ; mais conserve une paix égale, étant
enraciné dans la foi qui a été une fois
délivrée aux saints, et fondé dans l'amour
pour les siècles des siècles " (John WESLEY,
"l'Esprit catholique").
Le dialogue mené avec persévérance depuis
trente ans a permis des résultats positifs, substantiels;
Méthodistes et Catholiques sont ainsi parfaitement d'accord
sur la nécessité de vérifier constamment
l'enseignement de l'Église à l'aune de l'Écriture
et de la Tradition. "Méthodistes et Catholiques
se réjouissent de ce que le Saint-Esprit utilise les ministères
et les structures des deux Églises comme moyens de grâce
pour guider les gens vers la vérité de l'Évangile
du Christ", lit-on dans le rapport, intitulé
"Dire la vérité dans l'amour",
qui résume ces cinq dernières années de
dialogue nourri entre Méthodistes et Catholiques.
Mais il n'en demeure pas moins que des différences notables
subsistent entre les deux dénominations, notamment autour
de la question de l'autorité et du rôle des laïcs
dans les prises de décision et de parole au sein de leurs
Églises respectives.
Les Méthodistes invitent les Catholiques à intégrer
d'une manière plus formelle des laïcs dans les organes
de décision, parmi les autorités ayant charge "de
discernement et d'enseignement". Que des laïcs
puissent partager des responsabilités avec des évêques
leur paraît une bonne chose, quand bien même les
évêques sont censés conserver leur prérogative.
Les Catholiques, pour leur part, souhaitent que les Méthodistes
distinguent d'une manière plus formelle le rôle
des ministres ordonnés, en particulier celui des évêques
et des surintendants, dans la conduite des Conférences
Méthodistes. En particulier "en matière
de discernement et d'enseignement".
La Conférence Méthodiste Mondiale de Brighton (juillet
2001) avait abondamment traité de ces sujets. Une autre
rencontre a eu lieu depuis, du 9 au 12 novembre, au collège
St Paul de Washington: la nature de l'Église, locale et
universelle, a été au centre des discussions; les
participants ont ainsi relevé toutes les dimensions de
la communion précisant comment les membres d'une
même confession sont liés les uns aux autres
selon les deux traditions.
L'évêque Walter KLAIBER de l'Église Évangélique
Méthodiste d'Allemagne s'est réjoui des progrès
accomplis au cours de ces trente dernières années
en matière d'oecuménisme entre Méthodistes
et Catholiques. A ses yeux, le dialogue noué depuis plus
de 30 ans entre Méthodistes et Catholiques est de qualité
et se déroule dans un climat d'amitié et un sérieux
théologique incontestable. Nombreux sont les points d'accord,
mais rien n'est moins sûr que ces accords doctrinaux soient
vraiment acceptés dans les Églises locales tant
méthodistes que catholiques et rien n'est moins sûr
que ces accords puissent renforcer les liens fraternels entre
les uns et les autres en raison de la diversité des pratiques.
Mais son premier regret, c'est de constater que la base n'a pas
connaissance de ces documents. La priorité serait à
ses yeux de faire circuler ces documents. Peut-être faut-il
marquer une pause créative dans le dialogue Méthodistes
/ Catholiques, fait-il remarquer, d'abord pour prendre la mesure
du chemin parcouru entre Églises et ensuite pour prendre
des mesures concrètes sur le plan local dans la suite
logique de ces accords.
La question nous est posée, à nous, membres de
l'UEEM: à défaut d'aller plus loin dans ce dialogue
Méthodistes / Catholiques, ne faudrait-il pas prendre
d'urgence connaissance à la base, dans chacune de nos
Églises francophones, de ces documents de travail, pour
mesurer le chemin parcouru et prendre des mesures pour avancer
sur le chemin de la communion en Jésus-Christ. "Afin
que le monde sache que nous sommes ses disciples"?
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Jean-Philippe WAECHTER
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