Au-delà de nos frontières
République Démocratique
du Congo
Les échos des Immer
samedi 4 Mars 2000
Voilà à nouveau quelques nouvelles de
notre famille et de notre travail au Congo.
Clara a commencé l'école début
janvier et s'y plaît beaucoup. Elle nous récite
ses comptines, raconte la discipline en classe etc. C'est parfois
amusant de voir comment elle perçoit les choses. Elle
est revenue par exemple une fois en nous demandant si nous connaissions
la directrice. On menace les enfants qui ne sont pas sages d'aller
chez elle, et il paraît qu'elle aurait même un "poney
d'âne "! C'est un peu assimilé pour Clara
à sorcière, ogre ou quelque chose comme ça!
L'institutrice la trouve parfois comique dans ses réflexions.
Elle est vive pour comprendre les consignes d'exercices et se
débrouille très bien.
Siméon a maintenant sept mois. Au cours des
deux dernières semaines il a eu ses trois premières
dents. Cela ne s'est pas fait sans peine autant pour lui que
pour nous! Il réclamait de rester dans les bras autant
que possible. Il est quand même en général
très agréable, pas sauvage du tout. Nos visites
apprécient toujours de pouvoir prendre un moment sur les
genoux un petit garçon qui reste souriant.
Céline a commencé début janvier
à donner quelques cours de musique dans l'école
anglophone de notre Église. Décidément le
diplôme d'infirmière peut mener à tout! Il
y a deux classes. Pour les plus jeunes le cours se fait en anglais,
pour les plus grands en français. Cela représente
une vingtaine d'enfants. C'est peu et donc très sympathique.
Depuis notre dernière lettre, Éric a
eu l'occasion de partir à deux reprises à Kamina.
Ces déplacements ne sont pas très faciles à
vivre. Le papa et le mari manquent à la maison! Heureusement
il y a la phonie qui permet d'être en contact presque tous
les jours. Clara peut parler à son papa et l'invite à
revenir vite quand le menu du soir lui convient très bien!
Ces communications sont précieuses pour Céline
et les enfants, mais aussi pour Éric qui se sent parfois
un peu seul au milieu des difficultés nombreuses liées
au travail. Nous sommes pourtant encouragés de voir que
ce qui a été commencé continue.
Avant de vous donner plus de détails sur nos
activités, nous voudrions vous livrer quelques citations
qui nous semblent à propos:
- "Si la mission a changé de visage
c'est qu'elle est devenue partenariat. Qu'elle soit dans le domaine
de la formation théologique ou sur le plan du développement
économique et technique, elle n'est utile que si elle
donne une impulsion et favorise les initiatives locales."(1).
"Par le passé, nous autres Occidentaux avons appris
aux Africains à se tourner vers nous pour résoudre
leurs problèmes notamment matériels. Lorsque nous
voulons les libérer de la dépendance ainsi créée
ils ont de la peine à le comprendre. J'ai pris conscience
qu'une partie des solutions à leurs problèmes était
chez eux. Il s'agit de mettre à jour des potentialités
de ressources, et d'analyser, région par région,
les possibilités de développement sur place. Parfois,
ce sera un petit projet industriel, ailleurs l'agriculture, l'élevage
ou la transformation de produits. Il ne s'agit pas de se couper
d'eux, mais de les aider différemment, encourager et former
les chrétiens à devenir autonomes financièrement.
Il s'agit de réactualiser notre image de la mission."(2)
C'est dans cette ligne de pensée que nous souhaiterions
que vous compreniez les projets dans lesquels nous nous impliquons.
Le programme de recyclage des pasteurs dont nous vous
parlions en novembre, va pouvoir donner ses premières
sessions ce mois-ci. Des livres de théologie ont pu être
empruntés à la bibliothèque de Kabongo et
mis à la disposition des pasteurs responsables de cette
formation. Des vélos ont été achetés
pour qu'ils puissent se rendre dans les différents districts
pour donner les séminaires. Un container partira prochainement
d'Europe et amènera beaucoup de littérature pour
ce programme. Jusque là, nous faisons avec les moyens
du bord! Nous saisissons cette occasion pour remercier tous ceux
qui s'investissent pour ce container, en dons de toute sorte,
temps, argent, livres, matériel, bandages, etc. Sans cette
chaîne qui commence chez vous pour venir jusqu'ici, les
difficultés seraient plus grandes pour la continuité
des projets.
A Kamina, l'élevage de poulets donne de bons
résultats. En plus des poulets de chair nous avons pu
acheminer des poussins de ponte. Cela permettra de vendre les
oeufs qui jusque là viennent en grande partie de Lubumbashi.
Les coqs obtenus seront vendus pour améliorer la race
locale. En ce qui concerne les fermes, les activités se
poursuivent. Les fermes devraient être autonomes financièrement
à partir de juillet. C'est un grand défi que nous
espérons pouvoir relever en équipe. Nous venons
d'ouvrir un comptoir de vente pour semences, médicaments
vétérinaires, outillages, produits de traitements,
etc.
Le dispensaire médical a bien changé.
Les travaux de réfection ont pu être faits, du nouveau
matériel est là et le personnel travaille avec
fidélité. Éric continue de superviser l'hôpital
de Kabongo. Après avoir constaté de graves erreurs
de gestion, il a fallu prendre des mesures radicales. Il semble
que cela ait porté du fruit, le dernier rapport de l'administrateur
était meilleur et plus optimiste. La collaboration entre
Éric et l'administrateur est très bonne et cela
a grandement aidé. Il y a dans cette région beaucoup
de réfugiés de guerre qui ont fui à cause
de l'insécurité. Ils se retrouvent très
démunis. La Croix Rouge a un projet pour les aider, Éric
fait le lien entre Kabongo et la Croix Rouge par la phonie.
Nous devons jongler avec tous ces projets en oeuvrant
malgré bon nombre de difficultés prévisibles
ou non. Les fermes ont malheureusement été victimes
de vols par des militaires armés. Le stock d'arachides
étant vide, ils ont pris de la volaille et du petit bétail.
Il est vraiment regrettable de voir les efforts anéantis
par ces voyous. Notre énorme problème actuel est
la carence de monnaie locale en circulation. Tout en est handicapé
et les conséquences peuvent remettre en cause tout un
projet. Par exemple, au moment où il fallait investir
en semences, il a été impossible de trouver auprès
de notre trésorier l'argent nécessaire, les poussins
ont été achetés mais nous n'avons pas encore
obtenu l'argent pour la seconde expédition de nourriture.
Nous pourrions vous citer d'autres exemples qui seraient comparables
et tout aussi catastrophiques.
En ce qui nous concerne, nous apprenons aussi à
compter très juste pour nos frais courants. Cette semaine,
pour avoir des tomates, carottes et oranges nous avons fait un
échange avec des concombres de notre jardin. Nous n'avions
plus d'argent à la maison ! Pourtant nous ne pouvons pas
nous plaindre, nous restons parmi les privilégiés
et en sommes bien conscients. Il y a une pénurie grave
de carburant. Le peu de trafic routier existant à l'intérieur
du pays est complètement paralysé. Les gens de
Lubumbashi se tournent de plus en plus vers la Zambie d'où
ils reviennent le coffre plein de jerricans.
La situation politique reste calme sur Lubumbashi même
s'il n'est pas rare d'entendre des coups de feu! Les combats
continuent plus au Nord.
Nous vous remercions pour votre soutien fidèle
dans la prière pour le Congo, les projets de l'Église
et pour nous-mêmes. Nous vous envoyons toute notre affection
et nos meilleures pensées,
Notre adresse :
U.M.C.
Éric, Céline IMMER
P.O. Box 20219
KITWE / ZAMBIA
E-mail : ECImmer@maf.org
(textes bruts uniquement).
(1) Jacques Blandenier, auteur d'" Évangélisation
du Monde ".
(2) Charles-André Geiser, coordinateur
de la Mission Biblique franco-suisse.
Éric, Céline, Clara, Siméon