Une fois n'est pas coutume, je me fais commentateur
de film pour le compte de la page des jeunes. Exercice plutôt
périlleux, puisque je suis de loin plus "scientifique"
que "littéraire". Loin de tout formalisme et
de toute critique objective de référence, je vous
livre donc ici mes états d'âme à la sortie
du film "La plage", rien de plus.
Bon, que les choses soient claires entre nous: je ne
suis pas allé voir ce film par passion pour son acteur
principal. Je me demandais ce qu'il était capable de faire
dans un registre moins romantique que T...... . Deuxième
chose: ce film ne contient pas que des scènes "regardables
sans avoir de cas de conscience chrétiens"...
le monde est ainsi fait et on doit vivre dedans même sans
adhérer à tout ce qui s'y passe. Pour rentrer dans
le vif du sujet, je dirais que toute l'histoire part d'un rejet
de la société. Intéressant pour nous chrétiens,
qui souvent, ne pouvons pas non plus vivre dedans en y étant
à l'aise! Notre cher Leonardo est à la recherche
de quelque chose de différent, quelque chose de nouveau,
de meilleur que ce qui l'entoure. Il s'est lancé dans
sa "quête du bonheur" à lui. C'est
peut-être chercher loin que de comparer ce comportement
à celui d'un chrétien, mais il n'en est pas moins
vrai que le premier truc qui m'ait marqué dans ce film,
c'est que l'on voit que l'homme a besoin de quelque chose, sans
forcément savoir exactement ce que c'est. Je n'aime pas
les raisonnements faciles qui me pousseraient à dire "c'est
Dieu, point final", alors je laisse encore un peu le
doute planer.
Que fait notre Richard? En fait je crois qu'il fuit
plutôt la réalité de la vie qui peut être
dure parfois, en se créant une nouvelle personnalité,
une nouvelle histoire, un peu déjantées je dois
le reconnaître. Plutôt facile, non? Mais finalement,
fuir pour autre chose c'est un peu tourner en rond parce qu'en
fait, ce n'est jamais fondamentalement autre chose. Il n'y a
que Jésus qui puisse nous permettre de profiter pleinement
de chaque jour, qu'il soit beau ou moche. La joie et la paix
qu'il place dans nos coeurs ne sont pas liées à
quelque chose d'éphémère, heureusement.
Mais bien sûr, faire se convertir Leonardo sur grand écran,
ça l'aurait pas fait. Qu'est-ce qu'il cherche notre Richard?
Je ne l'ai compris que plus tard : je pense qu'il cherche simplement
un sens à sa vie, il se cherche une raison de vivre. D'abord
c'est faire de nouvelles expériences toujours plus folles;
ensuite c'est trouver cette plage "parfaite";
ensuite c'est prendre du bon temps, rien que du bon temps...
là encore c'est raté. Dur dur d'encaisser ces frustrations
de pas savoir pourquoi on se lève le matin, pourquoi on
vit tout simplement. Personnellement, je sais que mon réel
but dans la vie n'est pas de vivre une vie folle ou "pépère",
mais simplement d'être à chaque instant là
où Dieu me veut.
A la fin du film, notre Richard s'en sort avec un vécu
supplémentaire et une certaine philosophie qui lui permettent
d'être bien dans sa peau. C'est un peu facile je trouve.
Je ne vous raconte pas comment se termine l'histoire en détail,
mais si jamais vous ne voulez pas le voir, sachez au moins que
vous ratez des superbes images de paysages. Voilà donc
ce que j'en retiens: ce film m'a prouvé que les gens qui
m'entourent ont vraiment besoin de Dieu, et que ce n'est pas
juste une idée rassurante qu'on cultive à l'Église.
Enfin ("et je terminerai là-dessus" comme
le disent certains pasteur à la fin du message), j'ai
bien envie de faire un petit parallèle avec un autre film,
tout aussi "marginal":
"Fight Club" là-dedans aussi,
le ras-le-bol du monde environnant grille littéralement
le cerveau au héros du film. Ca mène à une
"machine de destruction" effroyablement bien
montée: pour avoir mieux, il va falloir détruire
ce qui existe. Là encore, c'est grossier, mais, tout en
restant intègre dans notre foi, modérons le rejet
"du monde" que nous cultivons (peut-être
à raison!) parce que c'est quand même dangereux!
Je vous laisse y réfléchir.
RESUME DU FILM... pour ceux qui ne le regarderont jamais.
Richard (alias Leonardo) n'en peut plus de l'univers
«préchauffé» dans lequel il
vit. Il veut du nouveau, de l'excitant, il part donc en Thaïlande
et y rencontre Buffy (vu dans Trainspotting, James Bond, Full
Monty). Ce dernier lui parle - dans un de ses délires
assez enfumé d'ailleurs - d'une plage idyllique légendaire,
quelque part sur une île de la baie. Richard tente l'aventure
avec deux français qui logent dans le même hôtel
que lui. Suite et fin, en bref: ils arrivent dans ce qui est
qualifié de "paradis terrestre", mais
qui se dégrade et dégénère peu à
peu, jusqu'à disparaître: la communauté doit
quitter le terrain.
Thomas ELTZER