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MARS 2004

Méditation

Compassion


Elle dit à sa maîtresse : « Oh ! Si mon seigneur était auprès du prophète qui est à Samarie, celui-ci le débarrasserait de sa lèpre ! » (2 Rois 5.3)

Tout récemment, en lisant le récit de 2 Rois 5 dans le contexte de la Journée Mondiale de la Lèpre, le témoignage de la petite esclave au service de madame Naaman a frappé mon esprit. Ce récit n'utilise pas le terme de compassion, mais il en est une très belle illustration.
Cette jeune fille avait toutes les raisons pour se replier sur elle-même et pour détester ses maîtres.
Au cours de l'une des fréquentes incursions dans le territoire d'Israël, les Syriens avaient raflé troupeaux, récoltes et humains. C'est ainsi qu'elle avait été emmenée prisonnière. Arrachée à ses parents, conduite loin de son pays, elle servait probablement de récompense au général Naaman.
Au lieu de se renfermer sur elle-même, elle s'intéressa à la famille qu'elle devait servir comme esclave. Si le général parvenait encore pour l'instant à dissimuler les vilaines taches qui couvraient une partie de son corps lorsqu'il était revêtu de son uniforme, il n'en était plus de même dans sa maison. Bientôt, sa terrible maladie serait connue de tous et il perdrait probablement son statut et son travail. Il serait chassé de la cour et même de sa propre maison. La petite Israélite aurait pu se dire que c'était bien fait, qu'il n'avait que ce qu'il méritait.
Au lieu de cela, elle parla avec hardiesse à sa maîtresse. Elle lui dit qu'il y avait en Israël un prophète qui pourrait guérir Naaman.
Quel magnifique témoignage et quel exemple pour nous ! Les conséquences de son attitude sont énormes, tant pour elle-même que pour son entourage.

Imaginons que la fillette israélite se soit enfermée dans la tristesse ou la révolte ! Jamais Naaman n'aurait eu de raisons d'aller rencontrer le prophète Élisée. Il n'aurait pas eu l'occasion de réaliser que seul l'Éternel, le Dieu d'Israël, est Dieu. Il aurait subi le sort infamant que subissaient tous les malades atteints de lèpre. Chassé de sa maison, il n'aurait plus eu les moyens de subvenir aux besoins de sa famille. Il serait devenu un exclu de la société. La fillette aurait probablement été vendue à un autre maître.
Les termes compassion, compatissant, compatir, nous font naturellement penser à Dieu. Une recherche rapide dans ma version habituelle (la Bible «à la Colombe») fait apparaître ces termes près de cent fois ­ 94 pour être précis. Parmi ces textes, seuls 23 mentionnent la compassion humaine, soit pour en affirmer la présence soit pour en déplorer l'absence. Quelques-uns de ces textes, comme Phil 2.1, Col 3.12 ou 1 Pi 3.8 invitent très expressément le chrétien à être compatissant.
Dans sa lettre aux Colossiens, Paul exhorte ainsi ses lecteurs : «Revêtez-vous d'ardente compassion, de bonté, d'humilité, de douceur, de patience». Se revêtir d'ardente compassion ! Être compatissant devient comme un vêtement dont nous sommes couverts.
Nous le voyons bien, notre appartenance au Christ peut à la fois transformer notre propre vie et influencer de manière très importante ceux qui nous entourent. Au lieu de nous plaindre, quand bien même nous aurions toutes les raisons humaines de le faire, pourquoi ne pas décider une bonne fois pour toutes de devenir ouvriers avec Dieu pour notre propre bonheur et pour celui des personnes que nous côtoyons?
Pierre GEISER


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