OCTOBRE
2003
MÉDITATION
PRIMAUTÉ
DE LA RECONNAISSANCE
Que je bénisse le SEIGNEUR,
que tout en moi bénisse son nom sacré !
Que je bénisse le SEIGNEUR,
que je n'oublie aucun de ses bienfaits !
C'est lui qui pardonne toutes tes fautes,
qui guérit toutes tes maladies,
qui reprend ta vie au gouffre,
qui te couronne de fidélité et de compassion,
qui rassasie de biens ta vieillesse,
qui te fait rajeunir comme l'aigle.
Psaume 103.1-5 [NBS]
On oublie vite
Il est un mot que jeunes et
vieux ont tendance à oublier : merci ! L'oubli
est fâcheux ! Comme si tout nous était dû,
alors que tout est un effet de la grâce de Dieu. Nous sommes
souvent lents à la détente, peu empressés
à rendre à Dieu ce qui lui revient, louange et
actions de grâces. Nous sommes vite plongés dans
une torpeur mortelle. Ne sommes-nous pas souvent négligents
en la matière? Il serait temps peut-être de mettre
un terme à ces inconséquences !
La solution
Peut-être nous faut-il
comme David nous faire violence pour sortir de notre inertie
et rendre à Dieu ce qui lui revient, la grâce et
la gloire à celui qui nous donne constamment pardon et
secours !
Voulant mettre un terme définitif à son indolence
coupable, David «se secoue comme un prunier»
pour faire tomber de l'arbre de sa vie les fruits de la louange
qui plaisent tant à Dieu : «tout ce qui est en
lui » célébrera les bienfaits de Dieu,
sa mémoire en gardera une empreinte indélébile,
son imagination dépeindra ses faits et gestes, son coeur
jubilera d'aise, son intelligence en comprendra la nature et
le prix, sa conscience en tirera des conséquences pratiques.
Bref, il mettra le paquet pour faire monter au Seigneur le concert
de louange qui lui revient.
A notre tour, nous glorifierons Dieu avec tous les moyens dont
nous disposons; ne sommes-nous pas censés l'aimer, Jésus
nous le confirme, «de tout notre coeur, de toute notre
âme, de toute notre pensée et de toute notre force»
(Marc 12.30) ?
A qui donc adresser cet hommage? Au Dieu unique trois fois saint,
au Dieu unique, Père, Fils et Saint-Esprit. Sa grandeur
souveraine et sa parfaite innocence méritent d'être
soulignées d'emblée comme le fait David, avant
même sa bonté ; s'il est amour, il n'en demeure
pas moins avant tout saint. De Jésus, le Fils bien-aimé
de Dieu, il est dit qu'il était « saint, innocent,
sans faute, séparé des pécheurs et placé
par Dieu au-dessus de tout » (Hb 7.26).
Sur fond d'épreuves
Sa bonté n'est pas à
confondre avec une indulgence aveugle ne faisant plus la différence
entre le bien et le mal. Cette bonté divine ne s'expérimente
pas ailleurs, foi de psalmiste, qu'au coeur des difficultés
de la vie: c'est au coeur des déroutes, de la maladie,
de la vieillesse et de la mort que Dieu manifeste toujours et
encore de nos jours sa tendresse. C'est sur fond d'épreuves
que David - et nous après lui - comprend comme jamais
la teneur et la profondeur de l'amour de Dieu envers lui. Rien
ne nous séparera jamais de cet amour extraordinaire que
Dieu nous manifeste en Jésus-Christ, pas même la
mort clamait déjà haut et fort l'apôtre Paul
(Ro 8.31-36).
Notre reconnaissance envers Dieu ne se confond pas avec de l'optimisme
naïf, béat et indifférent à la condition
tragique de l'homme. Notre reconnaissance prendra au contraire
en compte les épreuves physiques et morales qui jalonnent
notre vie. Nous les tiendrons comme le lieu même où
Dieu déploie sa tendresse. Du fond obscur de nos épreuves
se détache, en pleine lumière, l'amour insondable
de Dieu pour nous.
Et de toutes les grâces que Dieu nous offre, le pardon
des péchés n'est pas la moindre: gratuitement,
Dieu efface nos fautes et rétablit ainsi les liens que
nous avions rompus. En Jésus-Christ nous en avons la solennelle
confirmation. Il est l'agneau de Dieu qui ôte le péché
du monde, « il s'est offert en sacrifice, pour que Dieu
pardonne nos péchés » (1 Jn 2.2a). Comment
tarderions-nous à l'en remercier?
Le secret de
la jeunesse
Relevons dans la foulée
d'autres marques de la sollicitude divine, le rétablissement
de la santé et un bain de jouvence! La santé de
David était rétablie après une période
de longue maladie, qui aurait pu lui être fatale. Dieu
nous rend aussi la vie, nous réserve maintes surprises,
même si on ne s'y attend pas ou plus: un renouvellement
de forces jusque dans le grand âge. Plus besoin de nous
traîner à longueur de journées sous le poids
du souci et du désespoir! A présent, tel l'aigle,
nous nous élèverons d'un coup d'aile vers le ciel
et franchirons ainsi des obstacles qui naguère encore
nous semblaient insurmontables (Es 40.30-31).
David exagère-t-il quand il évoque les effets de
la grâce de Dieu dans sa vie? Pas vraiment car quand nous
passons, comme le psalmiste, par un renouveau spirituel nous
reprenons effectivement des forces, nous renouons réellement
avec l'enthousiasme de jadis, même s'il est éteint
au soir de notre vie. Un poète chrétien, lui-même
d'un âge certain, résumait le propos en ces termes
: «Tout s'use en moi, mais dans mon coeur chante une
jeunesse éternelle et du temps je reste vainqueur.
» (DECOPPET)
A tout âge, apprenons donc la leçon majeure de ce
psaume: gardons notre coeur reconnaissant vis-à-vis de
Dieu pour la multitude de ses bienfaits.
Jean-Philippe WAECHTER
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