OCTOBRE
2003
Etude
DE
LA FÊTE DE RECONNAISSANCE
Introduction
La fête de reconnaissance,
appelée par certains fête des moissons, qui a lieu
au temps des vendanges, c'est-à-dire en octobre, n'est
pas une idée des seules Églises protestantes ou
évangéliques. Certes, cette fête occupe une
place importante dans la vie des Églises Évangéliques
Méthodistes. Le culte trouve une forme liturgique solennelle.
Les chants de louange sont adressés au Dieu créateur
qui dans sa bienveillance donne la vie et de ce fait le «
pain quotidien ». Ce dernier, pour nous citoyens d'aujourd'hui,
consiste dans le salaire de notre travail, dans les pensions
qui sont versées aux retraités et dans les aides
sociales. C'est aussi une bonne santé et des conditions
de vie convenables. Luther a écrit que pour lui toutes
choses de la vie, y compris les bons voisins font partie du pain
de chaque jour. Dans nos Églises, la libéralité
pratiquée lors de la célébration de la fête
de reconnaissance est une précieuse aide financière
pour la gestion de la vie matérielle de la communauté
locale.
L'Ancien Testament
Notre reconnaissance s'adresse à Dieu
Lorsque nous prenons la
concordance biblique en main et recherchons les versets qui contiennent
les termes de récolte, moisson, vendange, reconnaissance,
nous nous rendons compte qu'ils se trouvent surtout dans l'Ancien
Testament. Ils font partie de la vie du peuple d'Israël.
C'est le Dieu souverain qui les établit. Il demande aux
Israélites de le louer, de lui adresser leur reconnaissance
car il est le donateur de toute chose. C'est lui qui donne la
vie aux humains. C'est lui qui rend fertile la terre. C'est lui
qui manifeste sa bienveillance de génération en
génération envers les hommes et les femmes. Pour
les auteurs des livres bibliques chaque enfant est un don de
Dieu. Au Psaume 127.3 nous lisons: «Voici que les enfants
sont un héritage de l'Éternel. Le fruit des entrailles
est une récompense.»
De ce fait le peuple élu adresse quotidiennement, par
les prières à table, sa reconnaissance au Créateur
et Père. Il célèbre son nom, conformément
aux ordonnances communiquées au temps de la Loi.
Depuis le mont
Sinaï
Dès la conclusion de
l'Alliance dans la plaine du Sinaï, Israël est appelé
à célébrer la fête des moissons et
la fête de reconnaissance. La première de ces fêtes
se situe au commencement des récoltes, la deuxième
au temps où tout est engrangé, les réserves
étant constituées pour l'hiver. Ceci nous dit que
les prescriptions données dans le cadre de la législation
du Sinaï ne sont pas applicables avant la prise de possession
de la terre promise. Lors de la traversée du désert,
il n'y avait ni semailles, ni moissons. Le pain quotidien était
la manne et les cailles. Les habits ne s'usaient pas nous dit
l'Écriture.
Jusqu'en Canaan
Étant devenus sédentaires
après la conquête de la terre promise, les Israélites
sont chargés de cultiver la terre. Les promesses du Dieu
souverain deviennent concrètes pour Israël ainsi
que les réalités de la création puisque
«L'Éternel Dieu prit l'homme et le plaça
dans le jardin d'Eden pour le cultiver et pour le garder."
Après le déluge, il affirmera à Noé
et sa famille: «Tant que la terre subsistera, les semailles
et la moisson, le froid et la chaleur, l'été et
l'hiver, le jour et la nuit ne cesseront pas.» (Genèse
8.22)
C'est au peuple élu séjournant à proximité
du mont Sinaï que l'Éternel dit : «Observe
la fête de la moisson, des prémices de ton travail,
de ce que tu auras semé dans les champs ; ainsi que la
fête de la récolte, à la fin de l'année,
quand tu recueilleras des champs le fruit de ton travail»
(Exode 23.16).
Notons en passant que les historiens nous relatent que les Cananéens,
habitant alors la Palestine avant la venue des Israélites,
célébraient eux aussi des fêtes de la récolte
en l'honneur des divinités de la fertilité. Le
Dieu de la révélation ne supprime pas une saine
tradition, il la modifie, il la sanctifie et la place dans la
cadre de son alliance avec le peuple élu.
Dieu prend soin
de sa création
Par les fêtes de la moisson
et des récoltes, le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob
atteste donc à son peuple qu'il prend soin de la création
et reste fidèle à sa promesse. Il permet de semer,
de récolter. Il demande à ceux qui cultivent la
terre ainsi qu'à ceux qui gardent les troupeaux ou exercent
un métier de le remercier par des cultes particuliers.
Le croyant de tous les temps dit au Créateur sa reconnaissance
pour les biens de la vie et confesse sa dépendance à
l'égard du Dieu invisible et souverain.
Les fêtes de la moisson et des récoltes qui affirment
la reconnaissance se célèbrent à des dates
différentes du temps des royaumes séparés.
En Juda (le royaume du Sud) elles ont lieu le septième
mois de l'année. En Israël (le royaume du Nord) elles
ont lieu le huitième mois. D'après certains commentateurs,
cette différence serait due au climat.
La fête des moissons
La fête des moissons eut lieu au début des récoltes
des céréales, cinquante jours (pentakosta) après
la Pâque juive (Lévitique 23.15 et suivants). La
première gerbe de blé moissonnée est offerte
à Dieu ; elle est portée au sacrificateur. Elle
précède donc toutes les récoltes qui suivront.
Nous pouvons dire qu'elle sanctifie la totalité des biens
(fruits) engrangés. Il me semble qu'elle rappelle la prière
avant le repas.
A la fin des récoltes, le peuple d'Israël célèbre
la grande fête de reconnaissance. Les cultivateurs de la
terre promise qui ont eu l'heur de récolter le blé,
froment et autres céréales se souviennent des directives
fixées dans Lévitique 19.9-10 qui stipulent : «
Quand vous ferez la moisson dans votre pays, tu laisseras un
coin de ton champ sans le moissonner et tu ne ramasseras pas
ce qui reste à glaner. Tu ne cueilleras pas non plus les
grappes restées dans ta vigne et tu ne ramasseras pas
les grains qui en seront tombés. Tu abandonneras cela
au malheureux et à l'immigrant. Je suis l'Éternel,
votre Dieu ». Les vendanges sont donc terminées,
le vin se trouve dans les outres. Les olives sont cueillies,
la moisson dans son ensemble est passée, l'été
est terminé. Les provisions pour l'hiver ne manquent pas.
Dans sa bonté, Dieu a pourvu au pain de chaque jour. Le
peuple doit entonner les chants de louange dans une profonde
reconnaissance, car les paroles du Psaume 145.15-16 se sont réalisées:
«Tous, avec espoir, tournent les yeux vers toi, c'est
toi qui leur donnes leur nourriture en son temps. Tu ouvres ta
main et tu rassasies à souhait tout ce qui a vie.»
Il est spécifié dans Lévitique 23.17 que
l'Israélite lors de la fête des moissons apportera
deux pains pour les dédier à Dieu ainsi que deux
agneaux.
La fête des récoltes
Quant à la fête des récoltes, Lévitique
23 nous informe à partir du v. 39 que «c'est
la grande fête qui durera 7 jours : le premier jour sera
un jour férié et le huitième sera un jour
férié». Il est précisé
que c'est une double fête - celle des huttes en souvenir
de la sortie d'Égypte et en même temps la fête
des récoltes. Le peuple de Dieu est invité à
se réjouir devant l'Éternel, son Dieu, pendant
sept jours.
Notons qu'en année de jubilé (tous les 50 ans)
Israël n'a ni à semer, ni à moissonner, ni
à vendanger (Lév 25.11-12). «Vous la regarderez
comme saint. Vous mangerez le produit des champs. »
Esaïe 9.2 parle de la joie des récoltes : «On
se réjouit comme on se réjouit à la moisson».
Au Psaume 126.5 nous apprenons qu'«ils moissonnent avec
des cris d'allégresse ».
Le Nouveau Testament
Le N.T. ne cite explicitement
ni la fête de la moisson, ni celle des récoltes,
ni les vendanges. Les Juifs et les Galiléens du temps
de Jésus pratiquaient la tradition des pères, ainsi
faisaient donc les apôtres se trouvant à Jérusalem.
Il n'est rien dit des chrétiens d'origine païenne,
ni dans le livre des Actes, ni dans les lettres de Paul, dans
lesquelles nous trouvons des exhortations à la reconnaissance
envers le Dieu de Jésus-Christ.
Cependant, nous retenons ceci des Évangiles et des Épîtres
: dans Jean 4.36-37, Jésus parle du moissonneur et dit
que l'un sème et que l'autre moissonne. Matthieu 9.37-38
nous rappelle que Jésus affirme aux disciples que la moisson
est grande, mais qu'il y a peu d'ouvriers. Il nous faut donc
prier le Seigneur de la moisson d'envoyer des ouvriers dans la
moisson.
Paul, quant à lui, exhorte les chrétiens de Corinthe
en leur écrivant que « celui qui sème
peu moissonnera peu ». (2 Cor 9.6). Aux Galates (6.2),
il dit que « ce qu'un homme sème, il le moissonnera
».
Conclusion
En conclusion, nous retenons
que la fête de reconnaissance a un fondement biblique.
Après les récoltes des blés, les vendanges
et la cueillette des olives, nous chrétiens avons le privilège
de célébrer Dieu, lors d'un culte spécial
marquant notre reconnaissance. Nous citadins, qui sommes sans
champs à labourer, exerçant toutefois notre profession
et nous impliquant dans la vie active (ou étant retraités),
sommes conscients que notre être et nos agissements découlent
de la grâce de Dieu. Nous lui adressons lors d'un culte
solennel notre reconnaissance profonde en Jésus Christ.
Nous n'omettons pas de lui adresser notre merci lorsque nous
nous mettons à table. Nous n'oublions pas l'apôtre
qui nous dit : «Soyez reconnaissants, rendez grâces
» (1 Thess 5.18).
Samuel LAUBER
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