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MARS
2003
Enseignement
Comment
lire les Évangiles
Du 24 au 27 octobre 2002, le professeur
Linda OYER a donné dans les EEM de Colmar et de Muntzenheim
(Haut-Rhin) une série d'enseignements sur le thème:
«Comment lire les Évangiles». Voici
la première
partie du résumé:
Les quatre Évangiles sont tous
différents, sans être contradictoires : chacun nous
dresse un portrait différent de Jésus. N'importe
qui peut lire ces quatre Évangiles, mais pour mieux y
arriver, voici quatre principes à appliquer.
1. reconnaître
et comprendre l'arrière-plan de l'Ancien Testament :
Dans le texte qui se trouve
en Mt 23.5, Jésus parle des scribes et des pharisiens
qui ont de longues franges à leurs vêtements. Ils
le font parce qu'ils appliquent littéralement le texte
de Nb 15.37-41, qui commande aux israélites de se faire
des franges à leurs vêtements pour se souvenir des
commandements et les mettre en pratique. L'intention de ces scribes
et de ces pharisiens est donc de « grandir en obéissance».
Le même verset (Mt 23.5) parle également de «larges
phylactères». Selon la même logique, l'intention
de ces scribes et de ces pharisiens était de mieux se
rappeler des commandements de Dieu et de lui obéir davantage.
Cet exemple est évident, mais il y en a de plus subtils.
Par exemple, considérons le texte de la rencontre entre
Jésus et la femme samaritaine (Jn 4). Cette rencontre
rappelle plusieurs rencontres dans l'AT : celles entre Isaac
et Rébecca, Jacob et Rachel, Moïse et Séphora,
etc. Bien sûr, il n'y a pas de mariage entre Jésus
et la femme samaritaine, mais spirituellement Jésus est
l'époux (Jn 3.29-30).
Mais ici, la femme est Samaritaine, étrangère et
non-vierge. Or à l'époque, les Juifs méprisaient
les Samaritains ; en tant qu'étrangère cette femme
ne faisait pas partie du peuple élu et sa non-virginité
faisait d'elle une femme impure. On ne peut que difficilement
avoir « pire » pour un Juif, mais Jésus la
traite avec amour et respect ! Jésus s'associe non avec
la pureté, mais avec quelqu'un de méprisé
et impur.
Voyons le deuxième principe.
2. Prendre en
considération la juxtaposition des textes :
Quand un évangélistes
juxtapose deux récits, il nous présente un certain
portrait de Jésus. Ceci se voit particulièrement
dans l'Évangile de Luc. Prenons par exemple le texte qui
se trouve en Luc 10.27. Ce texte nous parle d'aimer Dieu et son
prochain comme soi-même, puis suivent le récit du
« bon Samaritain » et celui de Marthe et Marie :
y a-t-il un lien entre ces textes ?
Marthe est en train de servir son prochain. Le problème
se situe dans la façon de le faire. Nous apprenons que
Marthe avait l'attention détournée par les multiples
tâches du service (40) et qu'elle était intérieurement
et extérieurement agitée (41). Et puis le verset
40 nous dit que Marthe survient (le terme grec exprime quelque
chose de soudain), met en doute l'amour et la sollicitude de
Jésus puis lui dicte ce qu'il doit faire. En quelque sorte,
elle a oublié qui est Jésus. De cette histoire,
nous apprenons que le service de notre prochain ne doit pas détourner
notre attention de l'écoute de Dieu. Puis Luc place le
«Notre Père», qui indique que pour prier dans
la bonne perspective il faut aussi écouter.
Voyons un autre exemple : le texte de Mc 8.22-26 raconte la guérison
d'un aveugle en deux temps. Ce récit se trouve seulement
dans l'Évangile de Marc et c'est le seul qui raconte une
guérison en deux étapes.
Si on prend ce texte seul, on pourrait en déduire que
Jésus a manqué de puissance ici, ou bien que Jésus
nous touche toujours deux fois. Mais si on relie ce texte avec
ce qui est avant ou après, la déduction est différente.
En effet, au début du chapitre, nous trouvons le deuxième
récit de multiplication des pains, les pharisiens qui
demandent un signe, puis l'épisode du pain et du levain
(dont doivent se garder les disciples), avec au verset 18 la
remarque de Jésus que les disciples ont des yeux mais
ne voient pas. Les disciples avaient bien sûr des yeux,
mais ne «voyaient» pas encore Jésus clairement.
Si nous regardons ce qui se trouve après le texte de la
«guérison en deux temps», Jésus demande
aux disciples : «Qui suis-je?» et Pierre répond
: «Tu es le Christ» (sans rajouter : « le Fils
de Dieu » comme Matthieu le fait
dans son Évangile). D'après lui (et d'après
la plupart des Juifs), le Messie devait venir instaurer un pouvoir
politique. Marc voulait donc en fait mettre en évidence
qu'il n'était pas le type de Messie que les disciples
imaginaient et qu'ils ne voyaient pas encore tout à fait
clair...
Examinons une autre histoire difficile, celle de la femme cananéenne
(Mt 15.21-28). D'emblée, nous remarquons une différence
avec le récit parallèle de Marc : Matthieu ne dit
pas «syro-phénicienne», mais «cananéenne»,
adjectif peu courant et utilisé surtout pour désigner
des ennemis d'Israël. L'attitude de Jésus envers
cette femme est ensuite très étonnante : il fait
silence et ne lui répond pas un mot. Devant son insistance,
Jésus finit par lui dire : «Il n'est pas bien de
prendre le pain aux enfants et de le jeter aux petits chiens»
! La femme ne se laisse pas «décourager» par
cette comparaison désobligeante et répond : «Les
petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de
leurs maîtres », ce qui provoque l'admiration de
Jésus, qui souligne la foi de cette femme non-juive...
Ceci s'accorde avec le but que poursuit Matthieu tout au long
de son Évangile : montrer que les païens peuvent
être acceptés par Dieu. En effet la généalogie
de Jésus (chapitre 1), la visite des mages païens
(chapitre 2), le récit du centenier (Mt 8.5-13), etc.
puis au chapitre 15, l'affirmation de Jésus que la pureté
vient du coeur, tous ces textes tendent vers ce but.
Penchons-nous encore sur un dernier exemple d'application de
ce principe, avec une histoire intercalée dans une autre
: le récit de la résurrection de la fille de Jaïrus
(Mc 5.21-43), avec au milieu l'histoire de la femme à
la perte de sang (versets 25 à 34). Le récit met
clairement en parallèle la fillette - âgée
de 12 ans - et la femme - malade depuis 12 ans. On peut opposer
Jaïrus à cette femme : elle est faible, isolée,
exclue, probablement seule (puisqu'elle a dépensé
tout ce qu'elle avait), alors que Jaïrus est un haut responsable
- donc bien placé, aisé, en bonne santé.
De plus c'est un homme, il ne fait pas sa démarche par
derrière en secret mais il aborde Jésus
face-à-face et lui demande de venir.
Mais Linda OYER propose plutôt de comparer Jaïrus
à Jésus (puisque le texte suggère la comparaison
de la fillette avec la femme). En effet, Jaïrus appelle
sa fille «petite fille», le même mot que Jésus
emploie au verset 34 pour désigner la femme (« fille
»), alors qu'il appelle «enfant» la fille de
Jaïrus (il utilise un autre mot grec). Cette appellation
« fille » pour la femme à la perte de sang
évoque l'affection qu'éprouvait Jésus pour
elle : le souci que Jaïrus a pour sa fille est identique
à celui que Jésus a pour la femme. Cette juxtaposition
met donc en relief que Jésus n'est pas seulement une source
de puissance, mais une véritable personne : il s'arrête
pour dialoguer avec cette femme et veut une rencontre authentique
avec elle
A suivre
Christian BURY
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