MARS
2002
PREDICATION
Pasteur Christina LE MOIGNAN,
présidente de la Conférence Méthodiste de
Grande-Bretagne
Profitant d'un déplacement
a Strasbourg, au parlement européen, Madame LE MOIGNAN
s'est réjouie de rendre visite à la famille méthodiste.
Elle a apprécié la tarte flambée que nous
lui avons fait découvrir mais aussi la ville de Strasbourg
et particulièrement le Marché de Noël, guidée
par Annie et Daniel HUSSER.
Voici le message qu'elle a apporté le 9 décembre
2001 à l'Église de Sion à Strasbourg.
Permettez-moi tout
d'abord de dire merci à toutes les personnes qui ont permis
l'organisation de cette visite dans votre Église et votre
ville: votre pasteur René LAMEY qui s'est occupé
de cette visite et son épouse ; M. et Mme HUMBERT grâce
à qui je peux m'adresser à vous en français
(c'est M. Humbert qui s'est chargé de la traduction);
M. et Mme HUSSER qui seront mes guides à travers votre
belle ville. Merci à vous tous pour votre accueil.
Excusez-moi pour le niveau de mon français. Malgré
mon nom à consonance française - mon grand-père
était originaire de l'île de Jersey - mes prouesses
en français sont très limitées. Je suis
plus à l'aise pour parler en français que pour
comprendre. Il m'arrive de poser des questions en français
mais ensuite je suis incapable de comprendre la réponse!
!
Je crains que l'écoute du sermon sera plus difficile pour
vous que d'habitude, à cause de mon accent. Merci pour
votre patience.
Permettez moi de me présenter. Chaque année l'Église
Méthodiste de Grande-Bretagne élit un pasteur à
la présidence de la Conférence et une personne
laïque à la vice-présidence. Le président
a l'honneur d'occuper "le siège" de John
WESLEY. Mais les méthodistes ne souhaitent pas que nous
occupions ce poste aussi longtemps que John WESLEY. Ainsi en
tant que présidente de la Conférence j'ai le privilège
de représenter les méthodistes d'Angleterre, d'Écosse
et du Pays de Galles durant une année; je me déplace
beaucoup en Grande-Bretagne et aussi à l'étranger
durant cette période. J'ai eu la chance en octobre de
visiter les Caraïbes qui représentent toujours la
patrie de beaucoup de méthodistes noirs anglais
particulièrement à Birmingham où j'habite.
Je fais cette visite à Strasbourg avec mes collègues
d'autres Églises libres. Notre but est de rencontrer des
membres du parlement européen à partir de demain
lundi jusqu'à mercredi. Mais j'ai demandé à
venir un peu plus tôt de façon que je puisse rencontrer
des membres de notre famille méthodiste. Je suis à
la fois enchantée et reconnaissante que cela ait été
possible.
Étant présidente durant seulement une année,
je ne peux pas influencer à long terme la ligne de conduite
de l'Église, ni ses structures, ni ses moyens d'action.
Ce qui me semble le plus important c'est d'essayer d'offrir à
l'Église une vision. Pour moi l'année écoulée
a été grandement affectée par les événements
tragiques du 11 septembre. J'ai essayé de discerner ce
que Dieu dit à notre monde au travers de ce qui s'est
passé. Je me pose toujours encore des questions. Que dit
Dieu à propos de la justice et la paix à la partie
du monde qui a été dominatrice économiquement
et militairement? Que dit-il à la partie du monde dont
l'héritage est chrétien à propos de la cohabitation
avec ceux qui ont d'autres croyances? Quelles sont les valeurs
de la démocratie libérale que nous aimerions défendre
en tant que chrétiens? Quelles sont les méthodes
justes et efficaces pour lutter contre le terrorisme? Toutes
ces questions sont très complexes et difficiles. J'espère
que les chrétiens du monde entier partageront et prieront
les uns pour les autres tout en cherchant des réponses
à ces questions.
Mais il y a d'autres questions sur lesquelles j'ai pu m'entretenir
avec notre famille méthodiste en Grande-Bretagne. Je vois
une Église qui dans beaucoup de domaines défend
des valeurs que notre société ne respecte pas.
Notre société cherche le succès mais nous
demandons la fidélité à Dieu. Notre société
a peur de la mort mais nous croyons en la résurrection.
Notre société demande une satisfaction instantanée
mais nous adorons un Dieu infiniment patient qui nous dit que
nous aussi devons attendre. Nous ne pensons pas que l'argent
soit le plus important ou que notre statut dépende de
ce que les autres pensent de nous. Cependant l'argent et le statut
social qu'il donne sont très importants chez nos contemporains.
Notre société critique, se plaint, engage des actions
en justice ; notre foi nous invite à nous réjouir
de la vérité, si nécessaire de souffrir
injustement et de pardonner. Nous connaissons tous ces contrastes
en théorie, mais qu'en est-il dans la pratique ? Sommes
nous si différents?
Nous le pensons. Nous pensons qu'il y a une grande divergence
entre l'Église et le monde. Il est difficile pour nous
d'influencer le monde mais certainement le monde nous influence
plus que nous ne le pensons. Nous sommes après tout tous
victimes du matraquage publicitaire comme tout le monde. Ne sommes-nous
pas fortement influencés par ce que nos voisins pensent
de nous ? Aussi nous devons-nous demander: "Sommes-nous
sûrs que nous n'avons pas comme les autres peur de l'échec
et de la mort?" Je pose cette question particulièrement
pour nos Églises en Grande-Bretagne qui sont souvent en
déclin. Nos Églises sont-elles de véritables
lieux de bonté et de patience où il n'est pas si
grave si l'on fait une faute et où on nous permet de croître
doucement? Nos Églises sont-elles des lieux où
réellement il importe peu que l'on soit riche, où
la place que nous occupons importe peu? Je pense que nous devons
avoir conscience du danger de l'infiltration du monde dans l'Église.
Mais aussi nous devons avoir confiance dans la puissance victorieuse
de Christ sur le monde car comme le dit la Bible " ceux
qui se trouvent avec nous sont plus nombreux que ceux qui sont
avec eux " ( 2 Rois 6.16 ). Ceci me pousse à
prier pour que nos Églises soient des communautés
qui témoignent d'un style de vie et d'un ensemble de valeurs
différentes. Bien sûr, je prie que les chrétiens,
individuellement, puissent refléter Christ, mais je prie
aussi qu'ils puissent montrer au monde, collectivement, dans
l'Église une communauté qui est vraiment le corps
de Christ.
Nous sommes en pleine période de l'Avent. Et si nous voulons
être un peuple différent nous avons besoin de l'Avent.
Nous devons garder dans nos esprits l'image du Christ enfant
qui est né dans la pauvreté, qui est devenu un
réfugié, qui en grandissant ne possédait
rien et pensait que l'argent était un obstacle, qui disait
la vérité sans crainte et sans partialité,
qui savait que la souffrance faisait partie de son obéissance
et qui l'a pleinement acceptée et à un point qui
dépasse notre entendement. Et il a dit: "Suivez
moi" ce qui signifie "Faites de même".
Cette invitation est pleine de bontés mais aussi très
difficile à mettre en oeuvre.
Ainsi nous avons besoin de
ce message fondamental de Noël, à savoir : Dieu est
avec nous non pour nous condamner mais pour nous sauver. Le Christ-enfant
est peut être un défi pour nous car il s'est dénué
lui-même alors que nous sommes saturés par notre
" moi ". Le Christ-enfant peut-être nous couvre
de honte mais il ne nous condamne pas, il est venu pour nous
sauver. Il est le don de Dieu, le don de l'amour, il nous rapproche
d'un Dieu qui d'une manière stupéfiante veut faire
de nous ses amis. Si nous voyons Christ simplement comme un défi
à relever nous serons vite découragés car
par nous-mêmes nous en sommes incapables. Mais si nous
l'acceptons comme un don, tout devient possible. Le Christ-enfant
comme don de Dieu fait briller une lumière dans nos coeurs
qui ne pourra pas s'éteindre. Car ce don ne sera jamais
repris, l'engagement de Dieu envers nous ne cessera jamais. Il
sera toujours là pour susciter notre gratitude et notre
amour pour lui. Notre amour peut être faible et insuffisant.
Mais il peut grandir et s'approfondir. Nous pouvons apprendre
la signification des paroles de Paul quand il dit : " Ce
n'est plus moi qui vis, c'est le Christ qui vit en moi ".
Notre fondateur John WESLEY, croyait en la perfection chrétienne.
Pour moi cela ne concerne pas tellement la réalisation
d'oeuvres. Il avait la conviction qu'il n'existe pas de limites
dans ce que Dieu peut faire dans la vie d'un croyant. "
Dieu avec nous " est vrai pour tout pécheur, il nous
a aussi invité à croître dans la vie de Dieu.
Mais la période de l'Avent a encore autre chose à
nous apprendre. Elle nous dit que Christ apparaîtra à
la fin en puissance et dans une grande gloire. Peut-être
que cela est différent ici, mais dans notre pays les prédicateurs
trouvent qu'il est plus facile de prêcher sur la première
venue du Christ que sur son retour. Peut-être cela n'est
pas surprenant. Nous avons tous vu de tout petits bébés,
nous nous sommes réjouis de leur naissance même
nos coeurs et nos esprits ne peuvent pas saisir la signification
de cette naissance à Bethléhem. Mais qui peut imaginer
ce que sera la fin de notre Univers ? Pourtant je suis convaincue
que nous avons besoin de ce message que nous appelons la deuxième
venue du Christ.
Si je peux le dire d'une manière imparfaite c'est que
Christ n'est pas seulement mon Sauveur et votre Sauveur mais
aussi celui du monde entier. Lorsque nous regardons à
Christ qui est né, qui est mort et qui est ressuscité
pour nous et ce que cela signifie pour nous, nous pouvons dire
que ce salut est une réalité pour nous, même
si nous n'avons pas appris à le vivre réellement.
Mais lorsque nous regardons ce qui se passe dans notre monde,
les événements du 11 septembre, les victimes du
SIDA, les milliers d'enfants qui meurent parce que leur eau est
impropre à la consommation alors que le monde riche se
préoccupe du nombre croissant d'obèses, lorsque
nous regardons tout cela, comment pouvons-nous dire que le salut
du monde est une réalité? Notre monde n'est pas
encore sauvé. Nous avons besoin de cette conviction de
l'Avent que le Jour du salut viendra.
L'histoire de Jésus a plusieurs chapitres. Le premier
chapitre du bébé est un chapitre que chacun aime
lire. Le deuxième chapitre de l'homme qui enseigne et
qui prêche, qui guérit et qui accueille les pécheurs
est impressionnant. Le troisième chapitre de l'homme qui
n'a pas peur de mourir d'une mort affreuse pour l'amour d'un
Dieu aimant qui est son père, est profondément
touchant, particulièrement lorsque le lecteur se rend
compte que cette mort était pour lui, pour moi. Dans le
quatrième chapitre nous voyons que cet homme ne reste
pas dans la tombe, histoire stupéfiante que nous avons
du mal à comprendre. Mais le chapitre final nous a vraiment
intrigués. Que signifie: "le soleil et la lune
s'assombrirent"? Est-ce que ce sont de bonnes nouvelles?
Cela semble très effrayant : tous les piliers de notre
Univers seraient ébranlés ; beaucoup de souffrances
avant la fin ; le jugement de Dieu : "l'un sera pris
et l'autre laissé ". Il n'est pas étonnant
que beaucoup de personnes aient fermé le livre avant la
fin et n'aient pas lu le dernier chapitre.
Et pourtant, et pourtant le dernier chapitre, c'est la victoire
de Jésus : la victoire du Christ-enfant dont nous pouvons
si facilement ignorer le défi, la victoire d'un homme
qui faisait le bien, la victoire du crucifié, la victoire
de quelqu'un qui est toujours vivant et à l'oeuvre. Cela
veut aussi dire que le mal de notre monde, même s'il est
réel et terrible n'a pas le dernier mot ; à la
fin la bonté de Dieu est plus forte. Si je ne crois pas
cela je ne peux pas regarder ce monde et ne pas désespérer;
je pense que vous êtes dans le même cas. Mais si
nous croyons en cet espoir de l'Avent nous sommes encouragés,
nous pouvons expérimenter la présence de Dieu dans
nos foyers, sur notre lieu de travail , dans nos relations mais
aussi dans les affaires du monde. Nous pouvons savoir que Dieu
est avec nous alors que nous aspirons à travailler pour
la justice, pour la paix et pour la sauvegarde de l'environnement.
Il sera avec nous alors que nous résistons au matérialisme
du monde. Il sera avec nous lorsque nous prendrons position pour
ce que nous croyons être la vérité et pour
quoi peut-être nous souffrons. Dieu est avec nous dans
tout ce que nous ferons pour le Christ. Et Dieu, comme chacun
un jour verra, ne connaîtra jamais la défaite. C'est
l'espérance de l'Avent, nous en avons besoin.
En conclusion, je vous remercie de m'avoir permis de partager
cet espoir de l'Avent avec vous. Je vous souhaite toutes les
bénédictions de Dieu en cette saison de Noël.
Et je me réjouis de pouvoir partager avec vous la louange
de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ, né,
mort et ressuscité pour nous et qui reviendra non seulement
pour nous mais pour le monde qu'il aime.
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