MARS
2002
Méditation
"Le Seigneur prend
l'homme et le place dans le jardin d'Eden pour le cultiver et
le garder". (Genèse
2.15)
Parce que le retour du printemps
est chargé de promesse de vie nouvelle, je vous propose
une méditation quelque peu bucolique... en essayant de
faire le lien entre ce que nous découvrons d'essentiel
sur la nature humaine dans le second récit biblique de
création et notre rôle dans le monde d'aujourd'hui.
Un jour, Dieu a imaginé un lieu où il ferait bon
vivre, un jardin de "délices" (selon
ce que le nom Eden signifie en hébreu), une petite planète
bleue créée pour le plaisir et la (ré)jouissance
des êtres humains.
L'homme y trouve sa place et son rôle, celui d'être
le gérant de la création. Il est désormais
responsable de cultiver son monde. Dieu lui donne "carte
blanche", mais la liberté offerte peut se refuser
parce qu'elle n'est jamais facile à assumer.
L'homme choisit d'écouter les paroles du menteur et rejette
ainsi le projet de Dieu pour sa vie. Ce projet demeure pourtant
inchangé et aujourd'hui encore tout ce qui existe se trouve
sous la responsabilité humaine.
Et si la nature sauvage peut être belle, je n'oublie pas
qu'elle est aussi hostile et peu encline à protéger
les faibles. Non, le monde ne peut être abandonné
à lui-même. Il est à cultiver, à la
sueur du front et de la réflexion, pour devenir un espace
aménagé de telle sorte que l'épanouissement
de la vie soit une réalité. Je pense qu'il en va
de même de notre "monde intérieur"
et l'outil pour le cultiver consiste dans les paroles d'humanité
que nous pouvons offrir aux autres.
Il y a un langage brut, fonctionnel, qui se contente de l'indispensable
à la survie. Il est un peu comme la nature que l'on néglige,
en pensant que ça se fera tout seul. Il est nécessaire,
bien qu'insuffisant. Car le manque de soins permet aux ronces
d'envahir les chemins, aux cailloux de devenir pierres d'achoppement.
La communication a besoin de poètes, d'artistes pour mettre
en vers ce qui est le moins facile à exprimer : les sentiments
de toute nature, les doutes, les inquiétudes, bref toutes
les émotions de la vie.
Bien sûr, il est des
jardins secrets qu'il est bon de garder à l'abri des regards
indiscrets, le plus intime a pourtant besoin de lieux de confiance
pour être exprimé.
Un monde sans poètes est comme une ville dont les espaces
publics seraient tous bétonnés, sans fleurs pour
s'épanouir au printemps, ni feuilles mortes à ramasser
à l'automne.
Il me semble bon de donner du temps aux mots, de se donner le
temps de les choisir avec soin pour essayer d'exprimer l'indicible
dans des phrases plus belles que d'ordinaire. Il me semble bon
de rechercher et de cultiver des paroles qui font du bien. Toute
relation mérite de recevoir de temps à autre un
peu plus de profondeur que les simples échanges anodins.
De même, dans notre vie spirituelle, si la prière
spontanée porte en elle la joie ou la peine de l'instant
présent, une prière écrite, quant à
elle, reflète la spiritualité profonde et rejoint
l'homme au coeur de son être. C'est ainsi que les psaumes
viennent au secours de nos soupirs et nous offrent des mots pour
se dire devant les autres et devant Dieu. C'est également
ainsi que la poésie ou la prose des écrits bibliques
nous apprend que la Parole de Dieu a besoin de la créativité
et du travail des hommes pour nous être communiquée
dans le langage qui nous est accessible hier comme aujourd'hui.
Dieu ne souhaite pas agir seul dans ce monde, il veut que nous
soyons ses collaborateurs. Dieu n'a pas abandonné le monde,
il l'a placé sous notre responsabilité. Dieu n'est
pas silencieux aujourd'hui, il parle par notre témoignage.
A nous de laisser aux bourgeons du printemps la place pour éclore
en fleurs, à nous d'offrir dans nos paroles assez d'espace
pour que souffle une vie toujours nouvelle.
Rose-May PRIVET
© Tous droits de reproduction
réservés. Détail des conditions
de reprise des articles
Toute remarque et tout courrier
à propos du Messager
Chrétien