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FÉVRIER 2004

INTERVIEW

Steven Lloyd

Steven LLOYD est pasteur de l'Église Protestante Évangélique Méthodiste de Narbonne depuis environ cinq ans.
Messager Chrétien : Peux-tu te présenter à nos lecteurs ?
Steven LLOYD : Je suis américain. J'ai grandi dans les états d'Indiana et de Georgie. Je me suis converti à l'âge de 4 ans. A l'âge de 16 ans je me suis engagé davantage pour le Seigneur et peu après j'ai eu ma vocation pour le ministère. J'ai grandi dans les Églises de Pentecôte, mais en étudiant la Bible j'ai découvert que je n'étais pas pentecôtiste. Je suis devenu membre de l'Église Évangélique Méthodiste aux États-Unis et je suis allé faire des études universitaires à Asbury College dans le Kentucky.
C'est là que j'ai découvert la pensée de John WESLEY et elle correspondait à la compréhension que j'avais moi-même de l'enseignement biblique.
En 1975 je suis venu en France avec Opération Mobilisation. J'ai travaillé un mois à Metz avec l'Église Évangélique Méthodiste, puis un mois à Brest. Cette expérience a confirmé un appel pour la mission. J'ai dit au Seigneur que j'étais prêt à aller n'importe où, sauf en France. Pourquoi? Simplement parce que j'ai vu à quel point le travail était difficile en France et j'ai su que pour «tenir» il fallait être absolument certain de l'appel de Dieu. Et bien sûr, c'est en France que Dieu m'a appelé à exercer mon ministère.
Ma femme, Sue Anne, vient de l' «Evangelical United Brethren Church» (l'ancienne Evangelische Gemeinschaft) dans l'état de l'Oregon. Nous nous sommes rencontrés à Asbury College. Elle a aussi reçu un appel du Seigneur pour devenir missionnaire quand elle était jeune. C'est en 1985 que nous sommes venus en France avec nos deux fils, Matthew et Nathan, pour travailler à Viroflay dans les Yvelines. Avec toute une équipe missionnaire, nous avons implanté une Église qui aujourd'hui fait partie de l'Alliance Chrétienne et Missionnaire. Pendant ce temps-là Dieu nous a donné deux autres enfants, Phillip et Elizabeth.
Nous sommes allés à Moscou, en Russie, en 1993. Là-bas j'étais professeur et doyen académique de la Faculté de Théologie Chrétienne Évangélique de Moscou. C'était une expérience inoubliable, mais mon coeur était encore en France. En 1994 nous sommes retournés aux États-Unis où j'ai servi comme pasteur d'une Église Évangélique pendant deux ans dans la ville de Spokane dans l'état de Washington. C'est à la fin du mois de février 1999 que je suis venu à Narbonne pour devenir pasteur de cette Église naissante, après avoir vécu dans une caravane pendant deux ans et demi et avoir traversé les États-Unis cinq fois à la recherche d'un soutien financier pour le ministère à Narbonne!
MC : Peux-tu décrire ton travail actuel à Narbonne ?
SL : La majeure partie de mon travail est celle de n'importe quel pasteur. Je prie régulièrement pour tous les membres et amis de l'Église, je prépare le message pour le culte et les études bibliques qui sont au centre du ministère à Narbonne. Nous avons actuellement deux études bibliques en semaine. Elles ont lieu dans des foyers, l'une à Lézignan (15 km de Narbonne) le mardi soir et une à Azille (35 km de Narbonne) le vendredi soir. Nous sommes en train de considérer la possibilité de démarrer une étude biblique sur Narbonne même le lundi soir. Ces derniers temps nous avons rencontré plusieurs personnes anglophones et il est possible que nous ajoutions aussi une étude biblique en anglais.
Au culte et aux études bibliques s'ajoutent des visites. Comme l'Église est encore petite et que nous nous voyons tous le dimanche (et certains pendant la semaine aux études bibliques), les visites ne prennent pas beaucoup de temps de manière régulière. Cependant, quand il y a des gens qui passent par des épreuves, cela devient plus important et prend pas mal de temps. Dernièrement William, un anglais qui avait visité l'Église deux fois, a appris qu'il avait un cancer. J'ai pu le visiter à l'hôpital plusieurs fois par semaine pendant presque un mois pour prier avec lui et l'accompagner jusqu'à sa mort. Alain, un proche ami, a eu un accident de sport qui l'a plongé dans le coma. Bien que la famille soit catholique, j'ai pu faire un accompagnement spirituel. La femme m'a dit qu'elle a de l'espoir puisqu'elle a vu ce que Dieu a fait pour Matthew. J'ai rendu visite à Alain à Montpellier puis à Cerbère plusieurs fois.
Un autre aspect du travail, ce sont les réunions (conseils d'Église, pastorales, collège synodal, comité directeur, etc.). Des situations difficiles dans l'Église ont fait que depuis quelques temps nous avons eu des réunions du conseil plusieurs fois par mois. Je crois que la situation est en train de se résoudre et que nous pourrons revenir à une réunion du conseil par mois. Ceci dit, nous sommes en train de préparer la création de l'association cultuelle et nous essayons de mettre notre salle aux normes de sécurité, ce qui va encore prendre du temps et de l'énergie, mais c'est encourageant de voir que l'Église avance.
Il y a aussi des activités spéciales. Dans le cadre de l'Année de la Bible nous avons projeté un film sur les rouleaux de la Mer Morte. Au mois d'août nous avons passé le film «Jésus» trois soirées de suite en anglais, français et allemand. En septembre nous avons eu la visite d'un responsable de «Portes Ouvertes» qui nous a montré un film sur l'Église persécutée en Amérique du Sud. Chaque trimestre nous organisons un repas d'Église. Nous avons beaucoup travaillé pour préparer la fête de l'Église du mois de décembre. Je travaille aussi régulièrement avec notre groupe de jeunes.
En dehors de l'Église locale, je fais partie d'une pastorale régionale et d'un groupe inter-religieux (catholiques, protestants, évangéliques, juifs et musulmans). Ces dernières années je me suis aussi engagé dans la cité en travaillant avec les jeunes dans le cadre du club de base-ball de Narbonne. C'est là que j'ai fait la connaissance d'Alain, l'entraîneur de l'équipe, dont je parlais plus haut. Cela faisait quatre ans que j'étais son assistant lorsqu'il a eu son accident. J'ai alors essayé de prendre le relais et l'équipe senior a terminé la saison en devenant champion de Languedoc-Roussillon. Je me suis retiré des responsabilités dans le club pour cette année afin de me consacrer davantage à l'Église et à ma famille.
A tout cela s'ajoutent les responsabilités par rapport à la mission américaine. J'ai des rapports à faire chaque mois et des lettres à envoyer aux 1400 personnes et Églises qui soutiennent notre ministère à Narbonne.
Et tout cela ne fait (officiellement) qu'un mi-temps! Pour aider à payer nos factures, je travaille 10 heures par semaine pour une société Internet à Narbonne.
MC : Nous avons beaucoup prié pour Matthew au moment où il souffrait du cancer, comment va-t-il maintenant ?
SL : Il a eu son troisième contrôle fin octobre. Tout va bien. Il a pris un peu de poids ce qui a plu au médecin, mais il reste très mince. Il a commencé à faire du sport (judo et ju-jitsu) avec son frère Phillip et il suit un cours sur cassette vidéo sur les fondements du droit américain. C'est un cours préparatoire pour faire des études de droit afin de devenir avocat aux États-Unis. Si cela lui plaît, il pourra s'inscrire dans une faculté de droit qui donne des cours par correspondance et par Internet (format «e-chat» comme pour la commission de communication). Cela le préparera pour le barreau dans l'état de Californie.
Pour finir, je tiens à remercier tous ceux qui ont prié (et qui prient encore) pour Matthew et toute la famille.

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