La lecture d'un article du Messager Chrétien du mois
dernier m'a interpellé, à savoir le compte-rendu
de l'AG de l'UEEM rassemblée début avril à
Montmeyran, dans la Drôme.
Les difficultés financières de l'Union y sont exposées:
l'équivalent d'un salaire pastoral et demi fait défaut
dans l'exercice 2003. Des pistes de réflexion sont évoquées
:
- conviendra-t-il de rémunérer les pasteurs à
temps partiel ?
- faudra-t-il réduire le nombre de pasteurs salariés
?
Le trésorier conclut: «La crise actuelle se prête
certainement à une remise en question plus générale:
peut-être faut-il reconsidérer tout à nouveau
notre mission, notre vie d'enfant de Dieu, peut-être faut-il
revoir notre degré d'engagement et de foi. A nous de remettre
au Seigneur le peu que nous avons et que nous sommes, à
lui de le multiplier comme promis».
Voilà, le constat est clair: les finances vont mal, nous
sommes invités à nous interroger, le Seigneur est
invité à multiplier. Je m'interroge donc et je
réagis. Quelqu'un d'entre nous s'attendrait-il tout simplement
à ce que Dieu multiplie le peu d'argent que nous donnons?
Poursuivant ma réflexion, je me demande ce que le Seigneur
pourrait bien multiplier. Ceci m'amène à vous livrer
mon expérience personnelle.
A partir du moment où mes parents nous avaient confié
un peu d'argent de poche (vers 11-12 ans), ma mère dit
à ses deux fistons: «Vous ne recevrez plus de
sou pour l'école du dimanche. Vous prendrez du vôtre
désormais». L'ayant questionnée sur le
«combien», elle nous expliqua le principe
biblique de la dîme. Et c'était parti, pour de bon...
Bien avant de me marier, je savais que le même principe
était également en usage dans ma belle-famille.
Après quelque 50 ans de pratique, nous pouvons affirmer
n'avoir jamais manqué de rien, car Dieu a richement béni.
Si Dieu ne multiplie pas forcément le peu que nous offrons,
il peut multiplier le nombre de méthodistes engagés
prêts à donner la dîme de leurs salaires.
Et c'est bien de cela que l'UEEM a besoin.
A plusieurs reprises, dans notre vie paroissiale, j'ai exposé
le raisonnement suivant (simpliste peut-être): 10 méthodistes
salariés offrent mensuellement à Dieu la dîme
de leurs revenus et vous totalisez un salaire entier moyen pour
votre pasteur. Ajoutez 6 ou 7 autres dîmes et vous pourrez
payer les charges sociales afférentes à ce salaire.
Si la paroisse compte encore une douzaine (ou plus) de donneurs
de dîme, le fonctionnement de l'Église et du presbytère
sera assuré.
Mais voilà, il y a problème, non pas tant par manque
de membres, mais par manque d'engagement de la part des membres.
Je fais abstraction des membres qui ne peuvent pas ou qui ne
veulent pas. Beaucoup pensent que la dîme, c'est dépassé.
Quoiqu'ils n'en soient pas totalement certains. Les Israélites
étaient astreints à verser la dîme. Les chrétiens
du Nouveau Testament sans doute pas. Le Dieu de la nouvelle alliance
n'exige rien. Il attend tout. Paul parle du dépassement
du principe de la dîme quand il honore les Macédoniens
d'être allés au-delà de leurs moyens en donnant
(2 Co 8.3). L'apôtre nous invite à exceller dans
les oeuvres de bienfaisance : adressez votre prière à
Dieu, puis laissez-vous convaincre. La dîme est encore
biblique. Notre EEM ne contraint personne. Dieu non plus. Il
aimerait tant que nous lui apportions volontairement notre offrande,
par reconnaissance et dans la joie.
Si les Écritures ne lèvent pas le voile pour tous,
peut-être la petite histoire, si bien racontée par
Maurice RAY il y a plus de 40 ans y contribuera un peu: une demeure
prend forme actuellement au ciel pour vous et moi. Elle ressemblera
en tout point à notre libéralité exercée
ici-bas. Quel que soit votre étonnement en la découvrant
lors de votre entrée au paradis (grande ou petite, belle
ou triste, somptueuse ou modeste), le Seigneur vous certifiera
qu'elle aura bel et bien été construite avec «les
matériaux que vous nous avez envoyés ...»
Nos pasteurs n'aiment pas parler argent et je leur sais gré
de ne pas le faire outre mesure. Cependant cet enseignement nous
fait défaut et, pour tout le moins, nous manque cruellement.
A preuve l'état de nos finances. Pour en revenir au début
du sujet, ce ne sont pas des pasteurs à temps partiel
qu'il nous faut. Sans nous voiler la face, reconnaissons que
nous avons un urgent besoin de méthodistes conséquents,
c'est-à-dire qui joignent l'acte à la parole, qui
offrent à leur Seigneur une pleine reconnaissance. Souvenons-nous
de lui: il s'est appauvri pour nous enrichir. N'est-il pas le
sublime exemple à suivre? Il multiplie le peu que nous
avons, à sa manière, de manière certaine.
Mais il aimerait tant faire davantage en multipliant le nombre
de généreux donateurs dans nos Églises locales.
Aujourd'hui même j'ai reçu une lettre de sollicitation
de l'Armée du Salut. Le salutiste a été
bien inspiré de commencer sa missive par cette exhortation
en gros caractères et à l'encre rouge: «Et
si vous donniez plus de force à votre engagement?»
C'est tombé à point nommé !
Peut-être le Seigneur pourra-t-il nous convaincre qu'il
est primordial de placer l'EEM en tête de liste des oeuvres,
chrétiennes ou humanitaires, que nous avons l'habitude
de soutenir.
Le Comité Directeur de l'UEEM en appelle à juste
titre à reconsidérer notre mission, notre degré
d'engagement et de foi. Son président estime que l'heure
n'est pas au relâchement mais à la persévérance.
Et le Seigneur, que nous dit-il?
Pasteur à temps partiel semble correspondre à chrétiens
partiellement engagés. Sans doute ne voulez-vous pas cela.
Moi non plus.
Que ma propre expérience, communiquée brièvement,
soit contagieuse parmi tous les méthodistes francophones.
De longue date une parole de l'Ecclésiaste (11.1) me revient
immanquablement: «Jette ton pain à la surface
de l'eau, car avec le temps tu le retrouveras». J'y
crois durablement
Marc SCHMIDT (Colmar)