AVRIL
2002
LE MONDE
EST MA PAROISSE
Argentine : de la protestation
à la prière
Ce pays si attachant d'Amérique
latine, que le pasteur Etienne RUDOLPH nous a fait découvrir
à l'occasion de sa tournée missionnaire, traverse
une crise économique
sans précédent, depuis la chute de sa monnaie nationale.
Des citoyens désespérés opèrent des
pillages, le système bancaire est défaillant, mais
il y a plus grave, à avoir le "pillage systématique"
de ce riche pays d'Amérique latine par des intérêts
étrangers. Les terres fertiles et les ressources naturelles
très abondantes de l'Argentine ont fait de ce pays un
marché " juteux " pour des
capitalistes étrangers qui ne sont pas regardants quant
aux intérêts des habitants.
Selon Umberto SHIKIYA, économiste et coordonnateur de
projets au sein de l'Église Méthodiste en Argentine,
le crash économique a commencé dès l'été
dernier. Vers la fin de novembre, les investisseurs étrangers
ont retiré une très grande partie des fonds qu'ils
avaient en dépôt dans les banques d'Argentine; quant
au gouvernement, il a insisté pour payer les intérêts
de sa dette étrangère, ce qui a entraîné
immédiatement la chute du peso et la déstabilisation
du système bancaire.
Depuis, l'équilibre financier du pays est instable et
les partis politiques sont discrédités face à
cette situation chaotique. "Nous allons figurer dans
le Livre des Records", a ironisé l'évêque
méthodiste Nelly RITCHIE. "Nous avions cinq présidents
en l'espace de 48 heures environ."
Mais ses habitants ne se sont pas appauvris en un seul jour.
L'appauvrissement a été progressif, de même
que le chômage. La situation ne prête pas à
rire, estime Nelly RITCHIE, qui considère la dette étrangère
endossée par tous les pays latino-américains comme
"étant non seulement impossible à rembourser,
mais encore illégale et immorale."
Un tiers des membres de l'Église sont au chômage.
Les personnes attirées par l'Église ces dernières
années représentent plus souvent la classe des
plus pauvres que la bourgeoisie traditionnelle. "Toujours
plus de personnes viennent à l'Église non seulement
pour y adhérer, mais aussi pour demander de l'aide. Les
gens doivent manger. Ils doivent travailler."
La crise financière actuelle a du positif, dans le sens
que la classe moyenne rejoint dorénavant la cohorte des
chômeurs pour essayer de faire entendre sa voix. "Toutes
les places de la ville sont devenues des espaces de libération",
a-t-elle dit; ensemble, ils essayent d'infléchir localement
le cours des événements au son de concerts de casseroles
et enfin au son de prières.
Les protestants argentins se sont en effet retrouvés récemment
sur la Place de Mai, face à la présidence à
Buenos Aires, afin de prier pour l'Argentine. Le rassemblement
s'est déroulé dans le calme. Portant pour certains
des bougies allumées ou des drapeaux argentins, ils ont
prié et chanté face au palais de la Casa Rosada.
Des pasteurs et des représentants des communautés
protestantes venus de tout le pays ont pris part à l'événement.
S'adressant à la foule, parmi laquelle figuraient de nombreux
enfants, des pasteurs ont estimé "légitimes"
les revendications sociales des argentins. Les organisateurs
ont indiqué qu'ils souhaitaient faire de ce rassemblement
"un chant de foi et d'espoir face aux difficultés
du pays, particulièrement pour les souffrances des pauvres
". Il existe en Argentine trois Fédérations
d'Églises issues de la Réforme, dont la FAIE, qui
regroupe entre autres l'Église Évangélique
Luthéro-Réformée (IERP), l'Église
Évangélique Méthodiste (IEMA) et l'Église
Presbytérienne. l'Église, quand elle mène
le combat de la prière, se place dans la lignée
de Jérémie qui recommande au peuple d'Israël
exilé à Babylone de rechercher le bien de la cité,
car son bien-être rejaillit sur lui. "Travaillez
pour développer la ville où le Seigneur vous a
exilés. Priez-le pour cette ville, parce que votre bonheur
dépend du bonheur de cette ville." Quand bien
même nous ne sommes pas en Argentine et que nous ne sommes
pas confrontés à une crise économique aussi
sévère, la pratique de nos frères argentins
désargentés, comme le conseil de Jérémie,
sont d'actualité pour nous qui entrons dans une période
fort agitée faite d'élections présidentielles
et législatives.
Jean-Philippe WAECHTER
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