JANVIER
2002
LE
MONDE EST MA PAROISSE
Paroles
d'évêque(s)
Le
Dr Walter KLAIBER
Kenneth
CARDER
Le
conseil des évêques
Paroles
d'évêque(s)
Le Dr Walter KLAIBER
L'évêque
de l'Église Évangélique Méthodiste
Walter F. KLAIBER en poste en Allemagne revient sur les événements
qui ont ébranlé la planète le 11 septembre.
Il a repris dans son propos les trois questions que ses contemporains
sont les premiers à s'être posées dans son
pays:
- En qui avons-nous confiance?
- Que pouvons-nous encore attendre des autres?
- Quelle forme d'espérance offrons-nous au monde?
"Par ces questions, nous n'essayons pas d'expliquer la
raison d'être de ces événements, mais nous
nous demandons quelles conséquences en tirer ".
La première qui s'impose est relative à l'objet
de notre confiance: "vais-je mettre ma
confiance dans le fonctionnement des systèmes de sécurité
ou vais-je vraiment la mettre en Dieu?"
Le Dr KLAIBER a déjà connu une pareille déferlante
d'horreur. Lui revient en mémoire le jour où sa
ville natale a pris feu sous les bombes alliées à
la fin de la Seconde Guerre mondiale et la parole que son maître
avait alors prononcée : "Les guerres les plus
cruelles entre humains seront toujours celles que mènent
des gens convaincus de combattre pour une grande cause."
Animés peut-être par une grande idée, ces
gens n'avaient pas pour autant une grande estime de leurs ennemis
: ils étaient même prêts à les déconsidérer
comme des ennemis du bien ou même de Dieu. Aucun gouvernement
ou mouvement n'est jamais à l'abri de vivre un tel processus
de déshumanisation, avertit le Dr KLAIBER. Alors "que
pouvons-nous encore attendre des uns et des autres en tant qu'êtres
humains?"
Bien que l'Occident ne se confonde pas avec la Chrétienté,
Walter KLAIBER dit que: " Del'extérieur, on nous
voit toujours comme une société chrétienne
et on nous demande quelle forme d'espoir et de perspective nous
offrons au monde." C'est là à ses yeux
la question la plus importante qui se pose à nous dans
l'avenir: "Sommes-nous capables de donner de l'espoir
aux habitants du monde entier? Je suis sûr que l'effet
à long terme de ces événements sera fonction
de l'espoir et de l'aide que les jeunes du monde entier peuvent
attendre de notre manière de vivre."
Le Dr KLAIBER pose alors la question de l'exemple que nous donnons
aux autres au près comme au loin : est-il positif ou négatif
? "Nous prétendons défendre les droits
de l'homme et les valeurs essentielles de la vie humaine. Mais
à travers nous, les gens du monde entier font l'expérience
du primat des valeurs boursières et du mode de vie occidental,
nous défendons purement et simplement le consumérisme.
Ce mode de vie attirera toujours ceux qui ont pour objectif de
s'enrichir, mais je le crains, il n'attirera pas ceux qui aspirent
à la justice et à la paix." Alors en cette
nouvelle année, serons-nous de ceux qui aspirent à
la justice et à la paix, qui oseront témoigner
en paroles et en actes de leur attachement à la justice
et à la paix découlant de l'Évangile ? "Conservons
la perspective du ciel aussi bien qu'un sens aigu de notre responsabilité
dans les événements présents affectant les
habitants de la terre", affirme en guise de conclusion
l'évêque KLAIBER.
Kenneth
CARDER
Kenneth CARDER, évêque
de l'Église Évangélique Méthodiste
du secteur du Mississippi, commente lui aussi le conflit en cours.
Voici ce qu'il en pense :
Les conflits actuels dans le monde intensifient et attisent potentiellement
les guerres de religion. Toutes les guerres sont des guerres
meurtrières et destructrices, mais de tous les conflits
de l'histoire, ce sont les guerres de religion qui ont été
les plus diaboliques et cruelles. Quand leurs motifs sont d'ordre
religieux, les personnes impliquées dans ces conflits
attribuent à Dieu la paternité impérieuse
et suprême d'actes lâches comme les kamikazes et
l'assassinat d'innocents stigmatisés comme "infidèles",
"sataniques" ou "démoniaques". Les
conflits les plus meurtriers ne se déclarent pas au sein
de religions mondiales comme le Christianisme, l'Islam, le Judaïsme,
l'Hindouisme et le Bouddhisme. Ces conflits naissent d'interprétations
oppressantes, violentes, rigides au sein de toutes les religions.
C'est le conflit entre les valeurs religieuses - motivant
l'amour, la compassion, l'humilité devant Dieu, la justice
et la liberté pour tous les hommes - et les croyances
religieuses ainsi que les pratiques motivant la haine, la cruauté,
la division, l'arrogance, l'injustice et l'oppression des autres.
Le cas a été fréquent. Les gens ont crucifié
Jésus pour motif de religion, mais c'était la religion
qui a poussé Jésus à prier pour ses ennemis
qui l'exécutaient : " Père, pardonne-leur,
car ils ne savent pas ce qu'ils font ". Saul de Tarse
était un terroriste ayant présumé que la
fidélité à Dieu impliquait la persécution
des chrétiens. Saul le terroriste a été
transformé en Paul l'Apôtre suite à sa rencontre
de Jésus-Christ. C'était sa relation avec le Christ
ressuscité qui l'a motivé à écrire
: "Maintenant trois choses sont toujours là :
la foi, l'espoir et l'amour ; mais la plus grande des trois,
c'est l'amour".
Plus récemment, quelques Américains se sont
parés de draps blancs pour terroriser d'innocentes victimes
noires, et l'ont fait sous la bannière du christianisme.
D'autres, cependant, ont été assez motivés
par leur vision d'un monde réconcilié par le Christ
pour risquer leurs vies dans la défense des droits civils
et de la dignité de tous les hommes.
Les menaces présentes,
ô combien réelles, ne résultent pas de différences
entre l'Islam, le Christianisme et le Judaïsme, mais de
la haine, de la violence, de la cruauté, de l'arrogance,
de l'exclusion et de l'oppression justifiées au nom de
toutes les religions. Je récuse l'idée qu'Osama
Ben Laden et ses acolytes puissent légitimer une guerre
de religion entre Musulmans, Chrétiens et Juifs. Tout
aussi inquiétants ont été les propos d'une
violence inouïe tenus récemment par un auditeur sur
"une radio d'infos" appelant les chrétiens
à détruire "les musulmans méchants
et démoniaques".
Des crimes épouvantables ont été commis
au nom de toutes les religions, y compris au nom du Christianisme.
Comme chrétiens, nous suivons Jésus-Christ, qui
offre une alternative aux guerres de religion. Jésus a
vécu une vie d'amour illimité, de bonté
sans compromis et de service désintéressé
au milieu d'un monde rempli de haine religieuse et de violence.
Suivre Jésus exige que nous aimions même nos ennemis
et que nous étendions notre bonté et service à
tous les hommes pour qui il est mort.
Le
conseil des évêques
Le conseil des évêques
de l'Église Évangélique Méthodiste
comprend 50 évêques actifs aux États-Unis,
17 évêques actifs dans d'autres pays et environ
50 autres évêques à la retraite. Il s'est
réuni le 9 novembre 2001. A cette occasion, il a publié
une lettre pastorale offrant des paroles " d'espoir et
de paix " aux gens aux prises avec le terrorisme et
ses terribles conséquences. Nous la publions ici même
in extenso :
Une Lettre Pastorale à
l'ensemble de l'Église:
Chers soeurs et frères
en Christ,
Grâce et paix à vous au nom de notre Seigneur, Jésus-Christ.
Les événements tristes et épouvantables
survenus aux États-Unis d'Amérique depuis le 11
septembre 2001 nous contraignent à adresser des paroles
d'espoir et de paix aux chrétiens évangéliques
méthodistes des 120 Conférences Annuelles dans
plus de 50 pays au monde.
Encore sous le choc des attaques terroristes aux États-Unis
et par la menace du bio-terrorisme, nous, vos évêques,
appelons l'Église à partager avec nous l'élan
de solidarité avec les peuples victimes de ces fléaux
dans le monde entier.
Nos prières ferventes et constantes sont pour ceux qui
peinent, parce qu'ils ont perdu des compagnons et des êtres
chers ; pour les aumôniers militaires et pour ces personnes
exerçant un ministère de présence, de réconfort,
de guérison et d'espoir ; pour les innombrables fonctionnaires
et volontaires qui ont fait preuve d'une générosité
désintéressée ; ... pour le Président
BUSH et les responsables de toutes les nations, afin qu'ils aient
la sagesse et le courage de mener les gens vers la justice et
la paix. Nous prions pour les innocentes victimes éprouvées
par des blessures, la perte et la mort. Nous prions aussi pour
ceux qui veulent faire le mal. Nous prions pour que cessent cette
violence, le terrorisme et la guerre. Nous vous demandons de
nous rejoindre dans la prière.
Nous nous inquiétons vivement des milliers de gens vivant
dans la crainte et la terreur ainsi que des personnes déplacées
en raison de la guerre et de la pauvreté. Sincèrement,
nous croyons nécessaire de faire tout notre possible pour
protéger les innocents et les plus vulnérables.
Nous sommes persuadés que nous devons employer les ressources
spirituelles et humaines de l'Église Évangélique
Méthodiste pour répondre à ces détresses
par les voies de l'amour et de l'entraide. Nous recommandons
aux Églises du monde entier de soutenir par leurs contributions
financières l'appel de la campagne : "l'Amour
au milieu de la Tragédie", comme de toutes les
autres campagnes d'aide humanitaire.
Nous, vos évêques, nous croyons que la violence
sous toutes ses formes et expressions est contraire au projet
de Dieu pour le monde. La violence crée de la crainte,
du désespoir, de la désespérance et de l'instabilité.
Nous faisons appel à l'Église pour qu'elle soit
une communauté de paix et de justice et qu'elle soutienne
les individus et les organisations dans le monde entier travaillant
dans l'intérêt général de tous les
enfants de Dieu. Nous appelons aussi l'Église à
étudier les causes premières de la pauvreté
et les autres conditions sociales exploitées par les terroristes
et à travailler à leur éradication.
Comme des êtres de résurrection, nous croyons que
la paix a été réalisée dans le Christ;
encore faut-il que cette paix se concrétise entièrement
dans les rapports humains. Le message de la résurrection
est cet amour plus fort que toutes les forces du mal. En outre,
c'est seulement l'amour sacrificiel, et non la guerre, qui est
capable de réconcilier les gens avec Dieu comme les gens
entre eux. Nous faisons appel à l'Église, aux responsables,
aux nations et aux individus dans le monde entier afin de donner
toute sa place à l'amour pour que notre forme de vie commune
puisse révéler la justice de Dieu.
Nous vous présentons cette lettre avec cette merveilleuse
promesse de l'Avent sifflant dans nos oreilles: "Mais
l'ange leur dit: "n'ayez pas peur; voici que je vous apporte
une bonne nouvelle, qui sera le sujet d'une grande joie pour
tous les hommes". (Luc 2.10)
Paix, les évêques de l'Église Évangélique
Méthodiste.
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Jean-Philippe WAECHTER
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