OCTOBRE
2001
Méditation
Que ta volonté
soit fête
Lorsque nous parlons de Dieu,
de sa volonté, de ses exigences, il est de bon ton de
laisser penser que cette volonté est difficile à
accomplir, que les épreuves ne nous épargnent pas,
que d'oser affirmer sa foi n'est pas chose aisée, surtout
à nos places de travail, auprès de certains proches,
etc. En fait, ce qui est difficile, ce n'est pas tant d'obéir
à la volonté de Dieu, ce n'est pas tant de témoigner
de sa foi sur son lieu de travail, mais c'est plutôt de
perdre "le peu qui nous reste". Et si l'on va
jusqu'au bout de la réflexion, ce qui est difficile, c'est
de mourir à soi-même Alors on tente un exercice
de contorsionniste : on fait de la mort de Jésus pour
nos péchés une espèce de "multi-pack",
un peu comme pour dire que Jésus est mort pour nous-mêmes
et que, puisqu'il vit en nous par l'Esprit Saint, c'est comme
si nous étions morts à nous-mêmes.
Ne serions-nous pas là influencés par la pensés
du siècle plutôt que par la Parole? N'y a t-il
pas dans notre expression une tentative de concilier la Parole
et les paroles?
Or Jésus lui-même ne remplit-il pas seul ce rôle?
Et ne nous compliquons-nous pas la tâche par excès
de zèle, ou par zèle déplacé?
Dans la région lausannoise, mais c'est peut-être
aussi le cas ailleurs, la "mode" du moment est
à la promotion de la prière pour connaître
la volonté de Dieu. Cette volonté, en fait, nous
la connaissons: aime Dieu par dessus tout et ton prochain comme
toi-même. Il s'agit donc de lever les yeux, de regarder
autour de nous et de voir avec humilité et discernement
en quoi les besoins d'autrui sont l'appel que Dieu nous lance.
Et il ne reste qu'à nous mettre au travail, joyeusement
et avec reconnaissance. Or, nous l'avons très peu fait
pendant longtemps, préférant d'autres priorités,
comme les réunions, débats, planifications et accessoirement
quelques tensions entre Églises sur des points doctrinaux
tellement importants qu'il n'y avait plus de place pour la simplicité
évangélique. Comme on le dit dans le pays de Vaud
profond "on s'est mené perdre", entendez
par là qu'on ne sait plus trop où on en est. Dès
lors il est parfaitement justifié de prier pour rechercher
la volonté de Dieu, ou mieux pour la retrouver, pour y
revenir.
Mais où la trouverons-nous?
Son fardeau est léger et son joug aisé Notre joie
sera parfaite N'ayons pas peur
La volonté de notre Père sera-t-elle en contradiction
avec les paroles de Jésus ?
Ne sont-ce pas nos yeux ou notre regard qu'il faut corriger ou
changer ? N'est-ce pas d'avec la pensée du siècle
qu'il faut rompre radicalement, c'est-à-dire jusqu'à
la racine, sans attribuer à cette pensée une autre
qualité que celle d'être parfois précieusement
et utilement impertinente? Et n'est-ce pas à une solidarité
et à une unité chrétienne que nous sommes
appelés?
Même un fardeau léger est encore plus léger
quand il est porté par plusieurs Or les futilités
qui nous "sur-occupent" finissent par nous diviser
Et puis, le ciment de toute communauté, c'est la fête
Et la plus grande des fêtes, c'est celle que l'on célèbre
chaque fois qu'un perdu est retrouvé, chaque fois que
nous nous rappelons que nous étions aussi perdus, chaque
fois que nous nous rappelons le repas de la fête
la sainte cène.
Le grand frère dans l'histoire du fils repenti s'assurait
toujours que la volonté de son père soit faite
Le père aurait tellement voulu que sa volonté soit
aussi fête
Soyons toujours joyeux !
Martial DELÉCHAT
(Lausanne, Suisse)
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