JUILLET
& AOÛT 2001
Méditation
"C'est votre avantage que
je m'en aille"
Je m'imagine une personne en situation
compromettante disant une telle phrase: je me sentirais soulagé.
Mais j'aurais de la peine à comprendre que mon meilleur
ami me le dise à moi. A la limite, je pourrais consentir
qu'il s'agisse d'une absence limitée, d'un temps de vacances
par exemple. Toutefois, celui qui s'est fait frère, ami
et même sauveur pour moi, l'a dit d'une manière
définitive pour cette vie terrestre. Il s'en est allé
pour retourner dans la gloire du Père céleste.
Et personne ni vous, ni moi - ne pourra le voir. Ne serait-il
pas un avantage de pouvoir voir Jésus et d'avoir vécu
de son vivant? Les premiers disciples ne furent-ils pas dans
une situation préférable à la nôtre?
Me viennent alors à l'esprit ceux qui vivaient le plus
proche de Jésus, les membres de sa famille. Par trois
fois, ils ont vécu des moments douloureux de séparation.
Prenons l'exemple de Jacques, frère de Jésus. Je
m'imagine qu'il pourrait nous raconter son expérience
de la manière suivante:
"J'ai vécu mon enfance, mon adolescence et même
le début de ma vie adulte avec mon frère Jésus,
à Nazareth. Ce fut un temps magnifique et, plus d'une
fois, j'étais étonné de la facilité
avec laquelle il parlait de la volonté de Dieu. Même
nos maîtres de la Loi reconnaissaient qu'il faisait preuve
d'une sagesse exemplaire. Nous avons bien apprécié
de l'avoir dans notre famille. A l'âge de trente ans, il
est allé vers Jean-Baptiste et s'est laissé baptiser
par lui comme beaucoup d'autres Juifs. Par la suite, les choses
ont empiré. Mon frère a pensé qu'il devait
commencer un ministère public. Il a appelé quelques-uns
à devenir ses disciples et a parcouru notre région.
Partout il y avait une foule qui voulait l'entendre, le voir,
lui quémander de l'aide ou le toucher. Nous avons craint
pour sa santé. Avec ma mère et mes frères,
nous avons essayé de le ramener de force à la maison.
Mais il n'y avait rien à faire. Il voulait absolument
continuer son "ministère" qu'il jugeait avoir
reçu de Dieu. Pour nous, il était devenu fou. C'est
là où j'ai perdu mon frère la première
fois.
Puis, de plus en plus de gens ont commencé à parler
de mon frère. Les uns pensaient qu'il était le
Messie promis. Ils étaient souvent des marginaux. D'autres
étaient choqués par les libertés qu'il prenait.
Son "ministère" a continué pendant un
certain temps, peut-être trois ans au maximum. Mais cette
petite période était très intense. Peu de
gens sont restés indifférents face à mon
frère. Moi, je ne faisais pas partie de ses disciples.
Avant la fête de la Pâque, mon frère a quitté
la Galilée et s'est dirigé vers Jérusalem.
J'ai entendu qu'il a été salué comme le
Messie promis, à son arrivée. Au bout de quelques
jours, l'opinion publique a fait volte-face. On a craint des
émeutes, tellement les gens ont demandé que mon
frère soit crucifié. Ponce Pilate a cédé
à la pression et l'a livré à la mort. Ma
mère était tout près lors des dernières
heures de mon frère. Là, sur la colline en dehors
de Jérusalem, j'ai perdu mon frère la deuxième
fois. Je vous assure que, bien que je l'aie côtoyé
de près, je n'ai rien compris à son "ministère".
De façon tout à fait surprenante, mon frère
crucifié et enseveli m'est apparu vivant. Après
le premier choc, j'ai réalisé que Dieu voulait
confirmer le ministère de mon frère qui semblait
avoir échoué. Dieu l'a donc ressuscité.
Lorsque Jésus m'est apparu, ainsi qu'à mes frères,
notre vie a basculé. Nous avons rejoint les autres disciples.
Humainement, nous avons toujours bien connu notre frère
Jésus, mais nous n'avons acquis confiance en sa mission
divine qu'après sa mort et sa résurrection. Avec
mes frères et tous les disciples, j'étais présent
quand mon frère ressuscité a pris congé
de nous pour retourner dans la gloire de son Père qui
est devenu, pour moi aussi, un père. C'est la troisième
fois que j'ai "perdu" mon frère, mais c'était
différent. Jésus nous a promis que nous recevrions
de son esprit, l'esprit de Dieu. Celui-ci est véritablement
la puissance qui, maintenant, m'anime de l'intérieur pour
témoigner de lui, mon frère qui est également
mon sauveur.
De son vivant (pardon, il est à nouveau vivant, mais différemment)
mon frère avait déjà dit à ses disciples
: "C'est votre avantage que je m'en aille." Je n'aurais
jamais pensé que le vide laissé par son absence
puisse être comblé, mais de plus en plus, dans notre
mission, nous réalisons à quel point cet Esprit
qui nous vient de Dieu est présent à tout moment
et tout endroit plus que mon frère, en tant qu'homme,
ne pourrait l'être. En regardant en arrière, je
commence lentement à comprendre pourquoi c'est à
notre avantage qu'il s'en soit allé. Il ne nous a pas
laissés orphelins!"
Références bibliques : Jean 16.7 ; Luc 2.40, 52
; Luc 3.23 ; Marc 3.20-21, 31-35 ; Marc 6.3 ; Jean 19.25 ; 1
Cor 15.7 ; Actes 1.14 ; 1 Cor 9.5.
Patrick STREIFF
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