MAI
2004
LE
MONDE EST MA PAROISSE
Nouvelles
Internationales
L'heure est aux explications
Avec la presse et ses dérapages
Le «Nouvel Observateur» (N° 2051)
vient d'épingler les Évangéliques en général
en les qualifiant de «secte qui veut conquérir le
monde». La réaction des Églises protestantes
ne s'est pas fait attendre : pour une fois la Fédération
Évangélique de France (FEF), la Fédération
Protestante de France (FPF) et l'Alliance Évangélique
de France (AEF) ont vivement protesté d'un seul coeur
et à plusieurs voix contre l'amalgame opéré
à cette occasion par le «Nouvel Observateur».
Une première dans l'histoire des Églises de la
Réforme en France. Saluons l'événement.
Espérons seulement que les instances dirigeantes de la
Réforme sauront à l'avenir défendre ensemble
avec autant de conviction les couleurs de la foi.
Réalisé par Slimane ZEGHIDOUR et Sophie des DESERTS,
ce dossier présente le courant religieux évangélique
comme «500 millions de fidèles qui croient à
l'Harmaguédon», avec un reportage aux États-Unis,
en Virginie et au Brésil. Au milieu de ce dossier, la
présentation d'un article sur les évangéliques
de France, montrant que leur plus cher désir serait de
convertir les musulmans, peut surprendre le lecteur.
Le secrétaire de l'Alliance Évangélique
Française (AEF), le pasteur Stéphane LAUZET, a
réagi fortement en dénonçant, avec raison,
les «contrevérités et le manque de nuances»
dans un courrier qu'il a adressé aux auteurs de ce dossier.
II se dit particulièrement choqué par I'utilisation
du mot «secte» à connotation péjorative
et appliqué aux évangéliques, mais surtout
par I'amalgame fait avec certains évangéliques
américains qui «glissent vers un messianisme politique»
et qui ne représentent pas du tout la réalité
française. Stéphane LAUZET rappelle que «les
évangéliques, composante importante du protestantisme
français, représentent environ 350 000 personnes
en France qui se réunissent dans 1800 lieux de culte».
Il invite donc les journalistes du Nouvel Observateur à
«un travail d'investigation approfondi pour montrer la
diversité évangélique. On s'aperçoit
alors que les évangéliques n'ont pas tous des positions
extrémistes qui rejettent les apports de l'archéologie
et qu'ils savent faire la part des choses».
S'il est sûr que ce milieu chrétien est une force
numérique croissante dans le monde, on ne peut pas affirmer
d'emblée le danger, voire la nocivité des évangéliques.
Pour Stéphane LAUZET, «le désir d'évangéliser
conduit à des actions en direction de l'ensemble de la
population et non des seuls musulmans, comme le suggère
l'article».
N'hésitez pas à découvrir en ligne et dans
le détail les différentes réactions à
ce dossier: http://eemnews.umc-europe.org/2004/mars/13-06.php
Avec le public après la sortie
du film « La Passion du Christ »
Même s'il fait l'objet de multiples polémiques,
le film de Mel Gibson se présente aussi comme un fantastique
outil d'évangélisation, de l'avis même du
pasteur Dr Rob FROST, directeur de Share Jesus International,
une oeuvre d'évangélisation rattachée à
l'Église méthodiste d'Angleterre. Ce responsable
a déclaré au magazine méthodiste anglais
«The Recorder»: «Je suggère à
mes collègues prédicateurs et pasteurs de poser
une énorme affiche à l'extérieur de leurs
Églises qui dise: " La Passion du Christ - venez
ici dimanche prochain et suivez-en le récit détaillé".»
Il a ajouté: «Au cours des [semaines] qui suivront
sa sortie (31 mars en France), j'aimerais qu'il y ait des prédications
sur le sujet de ce film dans les Églises méthodistes
et dans les autres Églises chrétiennes. Je demande
à ceux qui prêchent de se concentrer sur l'agonie,
la douleur et la souffrance que le Christ a supportées,
qui sont dépeintes dans ce film.
«Le film met le doigt sur un point faible des Églises
libres de tradition protestante. Trop longtemps, nous avons esquivé
la crucifixion et nous nous sommes concentrés sur la joyeuse
nouvelle de la résurrection».
«Dès son début, ce film rappelle solennellement
un aspect fondamental de la tradition chrétienne, quand
apparaît une citation sur l'écran: «Par ses
meurtrissures nous sommes guéris».
«Certaines personnes ont dit que le film était trop
violent mais ils ont tort. Il ne montre pas une violence gratuite.
Il peint la souffrance réelle que le Christ a endurée.
Il ne causera certainement pas de tort aux jeunes de 16 ans,
quand ils le verront».
Et il ajoute: «Au cours des dernières années,
nous avons vu Jésus dépeint comme un clown dans
"Godspell", comme une idole pop dans "Jésus-Christ
superstar" et comme un raté dans "la dernière
tentation de Christ". Nous l'avons aussi vu ridiculisé
dans "La Vie de Brian". Maintenant enfin, nous avons
un film qui dit l'histoire de Jésus telle qu'elle se présente».
Quant aux membres catholiques du forum pour la nouvelle évangélisation,
ils ont ouvert un site Internet http://www.qui-est-jesus.com
afin de faire connaître le Christ et son message de manière
plus complète. En parallèle, ils ont même
mené une action d'évangélisation de rue
afin de faire connaître la personne de Jésus-Christ
par-delà les polémiques que suscite le film. Pour
ce faire, ils ont diffusé à 100 000 exemplaires
un dépliant en couleur intitulé: «Qui est
Jésus-Christ?» dans toute la France, dans les gares,
sur les marchés, les lycées. L'association évangélique
AES en fait autant avec l'édition d'un tract de circonstance:
«La passion du Christ, pourquoi?» Ce tract évite
soigneusement les aspects polémiques du film pour ramener
les lecteurs à l'ultime raison de la crucifixion: leur
salut. Voir le site de l'éditeur : http://perso.wanadoo.fr/aesfrance.tpassion/
Tirons enfin un coup de chapeau à TopInfo qui réalise
en un temps record un site animé fort pertinent consacré
totalement à «La Passion du Christ» (cf. http://www.topchretien.com/lapassion/),
où ils offrent en prime au public un Cd-rom spécial
comprenant entre autres la Bible complète pour une somme
dérisoire.
Sachons donc comme communauté locale réagir positivement
à l'événement pour l'accompagner par un
témoignage inventif!
Avec les français après
la publication de la loi sur la laïcité
En partisans d'une laïcité ouverte, les
protestants défendent le droit à une « expression
sociale » des religions. Le pasteur Jean-Arnold de CLERMONT,
président de la Fédération Protestante de
France a défendu en mars le droit pour les religions à
une «expression sociale» qui ne soit pas cantonnée
aux questions éthiques. A ses yeux, la laïcité
ne peut se définir « comme un rejet de l'identité
religieuse ».
Et pourtant le danger est grand qu'une telle conception se répande
dans notre société, si l'on prend par exemple le
récent refus par le conseil d'administration du lycée
Lamartine à Paris de confier à une psychologue
un atelier de discussion avec des parents d'élèves,
sous le prétexte qu'elle serait par ailleurs membre d'une
association protestante. Et le refus par des caisses d'allocation
familiale d'accorder des bons vacances à des enfants participant
à des séjours prévoyant expressément
des temps de prière dans leurs activités.
«Pourquoi faudrait-il que la conviction religieuse ne puisse
s'exprimer que dans l'intimité?», a-t-il demandé
devant les délégués de la FPF.
«La foi a une expression sociale, elle impose des choix
de vie qui nous entraînent dans le débat public,
sans que celui-ci se limite aux questions relatives à
la naissance, la mort et quelques sujets éthiques où
notre parole serait attendue», a-t-il ajouté.
Le pasteur de CLERMONT a notamment épinglé des
propos du ministre de l'éducation Luc FERRY qui avait
déclaré le 4 février devant les députés
que « toutes les religions ont dû ou devront encore
faire un effort pour passer de la sphère pulique où
elles dominaient la vie politique à la sphère privée
de l'intimité et de la conviction ».
Il a réitéré ses critiques envers la loi
sur le port de signes religieux à l'école, «la
soi-disant loi sur la laïcité qui s'intéresse
plus aux effets qu'aux causes et, pour l'heure, a permis d'exorciser
le " mal " plutôt que de s'y attaquer».
Il a cependant souligné que les protestants se sont «
tout à fait reconnus » dans les orientations de
la commission STASI : « lutte contre les discriminations,
code de la laïcité, observatoire de la laïcité
»
Il s'est par ailleurs inquiété d'une «suspicion»
visant le protestantisme évangélique par le biais
d'un « amalgame » avec certains courants fondamentalistes
protestants aux États-Unis.
« Évangélique, cela veut dire qui se réfère
au message de Jésus-Christ », a-t-il précisé.
Rappelant que plusieurs Églises membres de la FPF se définissent
explicitement comme « évangéliques »,
il a invité à ne pas «céder au terrorisme
intellectuel qui voudrait qu'un mot doive être évité
sous prétexte qu'il est utilisé ici ou là
de manière critiquable .
NDLR : La FPF regroupe 17 Églises
et 75 oeuvres et mouvements, représentant 900 000 fidèles
.
Dans le cadre de cette chronique, nous avons ainsi
relevé trois domaines au moins où nous sommes «attendus
au tournant » dans nos cercles respectifs, la publication
par le Nouvel Observateur de ce dossier sulfureux sur les évangéliques,
la sortie du film « La Passion du Christ » et la
laïcité à la française. « Quand
on vous demande pourquoi vous espérez, soyez toujours
prêts à donner des explications. Mais faites-le
avec douceur et respect, avec une conscience pure... »
(1 Pierre 3.15-16).
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Jean-Philippe WAECHTER
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