Confessions anciennes, Nicée-Constantinople :
Le "Symbole de Nicée" date du IVe siècle.
Son préalable a été le "Symbole des
Apôtres , avec lequel il a beaucoup de points communs
(structure trinitaire, expressions communes, Église universelle
à la fin). Les quelques différences portent sur
le Fils, que le "Symbole de Nicée" développe
plus. Ce dernier comporte aussi une finale plus élaborée.
Au IVe siècle, la controverse arienne (c.-à-d.
relative à l'arianisme) battait son plein (Arius, disait
qu'il ne peut pas y avoir de pluralité en Dieu : seul
le Père est éternel, et le Fils est créé.
Il en faisait donc une sorte de créature intermédiaire
entre Dieu et l'homme). L'empereur Constantin convoqua le premier
concile universel, en 325 à Nicée, pour trancher
la question.
Le texte de Nicée commence par " nous croyons
", ce qui le distingue d'emblée du symbole des
apôtres (" je crois "), et en fait premièrement
un texte d'Église.
Avec " un seul Dieu ", il affirme bien sûr
le monothéisme, et réfute l'arianisme, qui accusait
les chrétiens d'adorer trois dieux. Il affirme la foi
en Jésus-Christ, " Fils de Dieu, né du
Père " insistant plus sur son origine que sur
sa descente sur terre : il veut montrer que le Fils n'est pas
un être extérieur au Père, mais engendré
à l'intérieur même de l'être de Dieu.
Il est " Dieu venu de Dieu, Lumière issue de la
Lumière, vrai Dieu venu du vrai Dieu " : on a
là une lourde insistance sur l'égalité Père
Fils, ce Fils qui est d'une même substance que le
Père (homoousion to patri). Le texte évoque ensuite
l'activité créatrice du Fils (cf. Phil 2), et son
incarnation, avec plusieurs reprises du Symbole des apôtres.
" Nous croyons en l'Esprit saint " : il n'y
a pas de débat sur le Saint-Esprit, pas plus que sur l'Église
et son attente.
Entre les deux conciles, l'Occident reçoit la formule
de Nicée favorablement, mais elle est critiquée
en Orient. En 381, le Concile de Constantinople, réuni
par Théodose, rajoute quelques précisions, parfois
reprises du symbole des apôtres, et surtout un développement
sur le Saint-Esprit (la formule du filioque - " qui procède
du Père", et du Fils fut rajoutée
lors d'un concile du 6e siècle).
Confession de la Rochelle :
Cette Confession s'inscrit dans le mouvement de la Réforme.
En 1545, en France, est constituée la 1re Église
Réformée (Meaux). Puis, 2000 Églises sont
fondées entre 1555 et 1570. Du 25 au 28 mai 1559 a lieu
un synode (c.-à-d. un concile) pour fonder l'Église
Réformée de France. Il a lieu dans la clandestinité,
et a pour but d'adopter une " discipline " et
une confession de foi communes. La rédaction de la confession
de foi est confiée au genevois Jean CALVIN, dont le texte
est légèrement modifié avant d'être
adopté, et imprimé à la fin des Bibles (40
articles). A cette époque, les confessions de foi "
pleuvent ", il y en a 19 de 1523 à 1649 !
Le texte de la " Confession de la Rochelle "
est beaucoup plus long que celui du " Symbole de Nicée-Constantinople
". En effet, ce n'est pas un texte à vocation cultuelle
ou catéchétique, et il faut s'exprimer sur beaucoup
de sujets. On y distingue sept thèmes :
1. la doctrine de Dieu (articles 1, 6 à 8, 14 et 15) ;
2. la doctrine du salut : 10 articles (12, 13, 16-22, 24). Il
s'agit du thème initial de la Réforme : le salut
repose en Christ, il est pure grâce, reçu par la
foi seule (article 20), et il n'y a aucune justification par
les oeuvres ;
3. la situation de l'homme : 3 articles (9-11). Il est impossible
à l'homme de se sauver lui-même, car il est totalement
corrompu (mais heureusement pas absolument). Ainsi, on
parle parfois du " pessimisme " de la doctrine réformée
;
4. l'Église (articles 25-33), avec la nécessité
du temple. Il est à remarquer que l'Église fait
partie des articles de foi, comme déjà dans le
" Symbole des Apôtres ". Cela se démarque
du système romain, et des systèmes anti-institutionnels,
comme les anabaptistes ;
5. Sola scriptura : 5 articles (2-5, 23), avec la notion
de persuasion intérieure du Saint-Esprit, qui garantit
la primauté de la Parole sur l'Église (contrairement
à Rome !) ;
6. les sacrements : 5 articles (34-38). Il n'y a que deux sacrements
(le baptême et la sainte cène). La pensée
exprimée ici est qu'il n'y a rien à voir avec le
rationalisme ;
7. l'éthique sociale (articles 39 et 40). Ces deux articles
démontrent que les protestants ne sont pas, comme certains
le prétendaient, des destructeurs de l'ordre établi.
Analyse des documents méthodistes par un réformé
:
Pour faire cette étude, M. BERGESE s'est basé
sur les documents suivants :
- pour l'Église Évangélique Méthodiste
(EEM) :
* " Faire partie de l'Église Évangélique
Méthodiste " (brochure bleue éditée
sous la responsabilité du Centre Méthodiste de
Formation Théologique - CMFT) ;
* " Fondements doctrinaux et principes sociaux, Église
Évangélique Méthodiste, conférence
générale 1996 " (brochure verte,
publiée par le CMFT, contenant les confessions de foi
de l'Église Méthodiste EM - et de l'Evangelische
Gemeinschaft EG, Église Évangélique
qui ont fusionné en 1968, pour former l'actuelle
EEM) ;
- pour l'Église Méthodiste de France :
* " Union des Associations Cultuelles Évangéliques
des Églises Méthodistes de France, Notre identité
commune, Étude présentée au Synode d'Anduze
le 7 mai 1989 par P. GEISER " ;
* confession de foi des Églises Méthodistes de
France, de 1940 ;
* confession de foi de l'A.E.P.F. (Association des Églises
de Professants), qui a remplacé la précédente.
M. BERGESE a d'abord observé qu'historiquement, le méthodisme
n'est pas né d'une contestation doctrinale, contrairement
à la " Réforme ". La préoccupation
centrale y est donc pastorale, et concerne la vie spirituelle
du croyant et son engagement. Ce côté engagement
se retrouve dans notre credo social (" je crois que je
dois faire ").
Les divergences relevées :
- La conception de l'Église : seule la confession de l'A.E.P.F.
définit les critères (page 5). Aucune référence
n'y est faite dans les textes de l'EEM. L'article 13 de la brochure
bleue de l'EEM est très proche de ce que dit CALVIN, dans
" L'Institution Chrétienne ". L'article
5 de l'EG semble parler de l'Église de manière
monolithique, sans distinguer Église visible et invisible.
Les deux confessions de l'EEM font référence au
baptême d'enfants (lors de la discussion, le rajout en
fin de brochure des dispositions particulières pour l'EEM
en France est signalé) ;
- La conception des sacrements : on a un clivage entre l'EEM
et l'EMF. En effet, l'EMF définit la sainte cène
comme un symbole et un témoignage. Alors que l'EEM, dans
l'article 16 de la confession de l'EM, précise que "
les sacrements institués par Christ ne sont pas seulement
des signes ou des symboles , mais plutôt des marques certaines
de la grâce et de la bienveillance de Dieu à notre
égard " (ce qui se rapproche de l'article 34
de la " Confession de la Rochelle "). L'article
6 de la confession de l'EG est à peu près identique,
en parlant de " moyens de grâce " ;
- le libre arbitre : l'article 8 des 25 articles de l'EM est
à mettre en parallèle avec l'article 7 de l'EG
: la grâce de Dieu remet l'homme dans la situation d'Adam
avant la chute. John WESLEY ayant vécu au " siècle
des lumières ", qui prônait la raison et
mettait l'homme au centre, il rejetait le théocentrisme
et voulait le maintien du mystère de la théologie
traditionnelle. La déclaration de foi de l'EMF ne mentionne
pas ça ;
- le statut de la Bible : l'EMF affirme clairement la souveraineté
de l'Écriture, dès son premier article. M. BERGESE
relève que l'EEM ne va pas jusque là, et ne parle
pas d'équivalence Bible / Parole de Dieu. L'article 4
de l'EG dit que les Saintes Écritures " révèlent
la Parole de Dieu ", et cette formule est reprise page
45, ligne 12, de la brochure verte (fondements doctrinaux). Notre
orateur a affirmé sa méfiance par rapport au langage
de la page 44, ligne 17, de la même brochure verte. Le
texte de la page 18, ligne 23 (brochure verte) ne distingue pas
parole interne à la Trinité et parole que Dieu
a envoyée aux hommes. Le développement sur l'herméneutique
de la brochure verte ne distingue pas nettement la Bible de la
tradition, la raison, et l'expérience. Enfin, le texte
de conclusion, à la page 54 de la brochure verte, affirme
que la doctrine se base sur... toute une énumération
qui revient à la tradition (et pas l'Écriture !).
Un participant souligne à ce moment-là que le passage
sur la Bible (page 46 de le même brochure verte) affirme
clairement la primauté de la Bible (tout de même
!).
En conclusion, M. BERGESE s'est déclaré beaucoup
réjoui de l'étendue de notre foi commune, même
s'il a surtout souligné les divergences, pour les besoins
de son exposé.
Tel a été le thème principal de la pastorale
commune (EEM / EMF), à Agen, les 29 et 30 octobre 2000.
Nous avons également discuté du rapprochement entre
nos deux unions, lors d'une soirée animée par les
deux présidents des deux unions.
Christian BURY
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