NOVEMBRE
2003
NOUVELLES
INTERNATIONALES
LE
MONDE EST MA PAROISSE
Un méthodiste à
la tête du Conseil OEcuménique des Églises
(COE)
Le COE compte un nouveau secrétaire général
: le pasteur Samuel KOBIA. Il est membre de l'Église Évangélique
Méthodiste (EEM) du Kenya. Il a cinquante-six ans, il
est marié et père de 2 filles et 2 garçons.
Il a fait ses études de théologie au Kenya puis
au séminaire McCormick et au « Massachusetts Institute
of Technology » (MIT, États-Unis). C'est avant tout
un homme d'Afrique. Véritable conscience africaine, oeuvrant
pour la paix, Samuel KOBIA est un des principaux acteurs de l'oecuménisme
africain : secrétaire général du conseil
chrétien du Zimbabwe après l'indépendance
(1980-1981), il a présidé les pourparlers de paix
au Soudan en 1991 et en 1992, et présidé le comité
national d'observation des élections du Kenya. Au cours
de ces années de combat pour la vraie démocratie
dans ce pays, il a développé des convictions décisives
sur l'appel de l'Église et son rôle dans la reconstruction
de l'Afrique. Il ne demande qu'à les concrétiser
maintenant à ce poste clé.
Choix «prophétique »? Certainement ! le choix
de l'alternance, le choix même d'un continent africain
et de l'hémisphère Sud, où la population
chrétienne est désormais plus nombreuse que celle
du Nord. Une première : Samuel KOBIA sera en effet le
premier africain à diriger le COE, fondé en 1948.
A ses yeux, l'Afrique sera au 21e siècle le centre du
christianisme. L'Afrique doit, à son avis, se reconstruire
en partant de ses ressources morales et spirituelles. C'est même
un « impératif éthique ». A commencer
par les chrétiens. Dans son discours d'ouverture, Samuel
KOBIA a relevé l'importance de marcher ensemble : «
Un proverbe africain dit : "Si tu veux marcher vite,
marche tout seul, mais si tu veux marcher loin, marche avec les
autres " C'est ce qui nous permettra de rester unis, en
tant que mouvement oecuménique».
A poursuivre ensemble ce voyage spirituel, les Églises
puisent la force intérieure nécessaire : «
Pour avoir la capacité d'inspirer le monde, nous avons
besoin de force intérieure. Notre force repose sur notre
unité. Nous devons travailler ensemble et nous devons
être vus en train de travailler ensemble!» «Rester
ensemble, c'est ce que Christ nous a demandé: que nous
soyons un pour que le monde croie». «Ma prière
est que dans ce mouvement oecuménique, nous allions loin,
marchant ensemble, renforçant l'un l'autre pour accomplir
la prière de notre Seigneur - soyez un - pour la gloire
du Dieu trinitaire, Père, Fils et Esprit Saint ».
L'homme de tous les combats pour la démocratie sur le
continent africain et pour l'unité des chrétiens
prend l'engagement de privilégier l'écoute et la
recherche du consensus qui lui sont déjà familiers
: «J'ai cette capacité, comme on le dit des africains,
d'espérer même s'il semble n'y avoir aucun espoir
: la capacité de célébrer la vie même
quand c'est la mort qui domine, la capacité d'avoir de
l'espoir même quand il semble ne plus y en avoir. Le mot
clé, c'est ubuntu (luttes anti-apartheid, mot zoulou)
: ce qui rend l'humain humain. Ce qui a permis aux africains
de continuer leurs luttes, ce qui est africain en moi, c'est
l'ubuntu. Les relations permettent aux être humains de
devenir complets. Or je sais écouter. J'espère
pouvoir apporter personnellement au COE cette attention aux relations!
»
Témoignage d'un pasteur
ivoirien témoin et victime d'atrocités
Cela fait un an que la Côte d'Ivoire connaît
des troubles et une partition de fait : les rebelles ont pris
le contrôle du Nord, tandis que les forces gouvernementales
demeurent les maîtres du Sud et que les forces d'interposition
françaises contrôlent une zone tampon. Tandis que
les hostilités reprennent, à l'heure où
cet article est rédigé (NDLR : fin septembre),
nous parvient le témoignage d'un pasteur pentecôtiste
ivoirien en poste dans une ville du nord à forte densité
musulmane. Il évoque la tourmente dans laquelle les chrétiens
locaux sont passés et témoigne de la grâce
dont ils ont été l'objet. Il est demeuré
le seul pasteur à rester dans la ville occupée
par les rebelles au risque de mettre sa vie en péril.
Son témoignage - fort émouvant - éclaire
l'épreuve que traverse la Côte d'Ivoire et constitue
aussi un appel à l'intercession. Nous ne citons pas son
nom ni le nom de la ville où réside ce frère
pour ne pas mettre sa vie en danger.
«Voilà maintenant un an que nous subissons la
guerre. Par la grâce de Dieu, nous nous portons bien. ...
Nous sommes restés à xxx en zone de guerre. Tous
les pasteurs, tous les fonctionnaires et les hommes d'affaires
ont fui la ville. Et comme je suis resté seul parmi les
sept de la ville, j'ai réuni les chrétiens de toutes
les Églises et nous partageons le culte ensemble. Il n'y
a plus d'Assemblée de Dieu ou autre, mais l'Église
de la circonstance. Mon adjoint est l'un des responsables de
l'Église Méthodiste. Après l'assassinat
de deux imams à Abidjan, les rebelles sont venus me prendre
pour me tuer. C'est Dieu seul qui est intervenu. Ils avaient
fini de me déshabiller entièrement, ils ont mis
le pistolet sous mon menton, puis tout près de mon oreille
et ils ont voulu tirer. Dieu a utilisé la population qui
m'a reconnu, m'ayant déjà vu lors d'un partage
de cadeaux d'une O.N.G. La population est allée tumultueusement
auprès des chefs rebelles qui, voyant l'ampleur de la
chose, m'ont laissé. C'est l'évêque qu'ils
cherchaient, mais lui, ayant su, a fui la nuit avec une voiture
de la Croix Rouge. Après beaucoup d'humiliations, ils
m'ont laissé. Ils sont venus à la maison perquisitionner
et ils en ont profité pour voler beaucoup de choses. Le
dimanche qui a suivi, pendant que nous étions au culte,
quelques jeunes sont venus chasser un enfant qui était
dans la cour et ils ont ramassé les ustensiles de cuisine,
le téléphone portable et d'autres choses. Tout
cela est passé.
Jusqu'à aujourd'hui, je ne peux pas me rendre à
Abidjan à cause de l'insécurité. Ce que
les médias disent est le contraire de ce qui se passe
dans les villes comme sur les routes pendant les voyages. Notre
bureau national donne 50 000 F CFA à chaque pasteur resté
dans une ville assiégée. Aucun fonctionnaire n'est
resté ici. Nous ne pouvons vous raconter tout ce qui s'est
passé. Les maisons de ceux qui sont partis ont été
pillées, on vole même les tôles et diverses
installations des maisons pour les vendre.
A un moment, nos enfants vendaient de l'eau glacée à
5 F CFA le sachet. Mais avec le temps de pluie, rien ne marche.
Mais on nous soutient. Quelques-uns de ceux qui ont fui profitent
souvent de l'arrivée des rares voyageurs pour nous envoyer
de l'argent. Nous avons un seul très courageux chrétien
qui, malgré tout, se rend à Abidjan tous les mois
et s'il croise quelqu'un qui nous connaît, alors c'est
la joie. Je voulais aussi fuir après tout, mais les chrétiens
réunis m'ont dit que si je partais, ils n'auraient plus
le courage de venir au temple. Nous avons donc pris l'engagement
total de rester jusqu'à la fin de la guerre».
Pasteur XXX
Dossier euthanasie - vif débat
éthique suite à la mort de Vincent HUMBERT, un
cas d'exception d'euthanasie ?
Le jeune homme Vincent HUMBERT, tétraplégique,
aveugle et muet, vient de mourir récemment grâce
à l'aide de sa mère, au mépris de la loi.
Sous l'émotion, le garde des sceaux, Dominique PERBEN,
invite le parquet «à faire preuve de la plus
grande humanité dans l'application de la loi»
envers la mère de Vincent.
Son cas relève-t-il de l' «exception d'euthanasie»,
comme le défendent le comité national d'éthique
et le responsable des questions de santé au sein du groupe
socialiste à l'assemblée nationale Jean-Marie Le
GUEN? Selon ce dernier, il serait temps «dans une société
démocratique, de légiférer avec tolérance
et précaution pour qu'il y ait un certain nombre d'exceptions
qui rendent possible l'euthanasie». Pour le quotidien
catholique «La Croix», le drame risque de
devenir «une pièce majeure dans la propagande
en faveur de l'euthanasie active» qui sacrifie «le
caractère sacré de toute vie». La prochaine
étape sera-t-elle la modification de la législation
en France sur le modèle des Pays-Bas et de la Belgique,
où «la mort compassionnelle» est désormais
codifiée par la loi? Ne faut-il pas se rappeler que les
personnes en phase terminale
ne réclament pas nécessairement la mort à
tout prix, mais la solidarité aimante, la reconnaissance
de leur dignité même lorsqu'elles appellent à
la délivrance? Avant de préconiser l'euthanasie,
ne faut-il pas privilégier les soins palliatifs et mettre
un terme à l'acharnement thérapeutique si dommageable
à la personne humaine?
«La vie n'appartient pas aux politiques»,
faisait remarquer à juste titre le premier ministre. L'instrumentalisation
de la vie humaine est une abomination ; Gérard LECLERC,
du journal «La France Catholique», défend
ce point de vue: «La vie humaine ne saurait être,
en aucun cas, instrumentalisée pour satisfaire aux idéologies
et aux volontés de puissance. Elle appartient au mystère
de la condition humaine». Tout en appelant à
la compassion envers la famille de Vincent HUMBERT, «dont
la douleur ne saurait être ignorée de personne»,
Gérard LECLERC met en garde nos contemporains contre toute
dérive qui banaliserait la transgression de l'interdit
du meurtre : «Une législation qui crée
une justification à la transgression de l'interdit du
meurtre prend de terribles responsabilités à l'égard
de tous ceux qui sont tentés par le suicide».
Ce serait participer d'une culture de mort plutôt que d'une
culture de vie.
Retrouvez sur le net les dépêches d'EEMNI ou
encore mieux dans votre boîte aux lettres électronique.
Voir http://eemnews.umc-europe.org
Jean-Philippe WAECHTER
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