NOVEMBRE
2002
COLLECTION
La "galerie
d'images"
"J'ai très à coeur que les gens apprennent
à connaître la Bible et vivent avec elle."
Un local dans un
immeuble de Bachenbülach recèle un trésor
très particulier : environ 2000 images en couleur et en
noir et blanc reproduisant des scènes bibliques de la
grandeur d'un poster, des reproductions collées sur des
rouleaux ou sur un grand carton. Elles étaient utilisées
comme matériel d'enseignement
à l'école de dimanche jusque dans les années
60 du siècle dernier. Active pendant de nombreuses années
au service des communautés de l'EEM, Elisabeth RUSSENBERGER
collectionne ces images depuis plus de trente ans. Elle a été
interviewée cet été par Andy SCHINDLER-WALCH
et cette interview est parue en allemand dans la revue "
Kirche & Welt" numéro 16 du 8 août 2002.
La traduction a été faite par Jean-Philippe WAECHTER.

Elisabeth RUSSENBERGER
devant une partie de sa collection
AS : Comment vous
est venue l'idée de collectionner ces images?
ER : Je n'étais pas méthodiste
à l'origine. Quand j'ai commencé mon ministère
à Vevey en 1967, j'ai trouvé dans le bâtiment
de l'Église une trentaine de ces images en grand format
avec des scènes bibliques. Elles m'ont plu et je me demandais
pourquoi elles avaient été déposées
ici dans le grenier. C'est ainsi que je les descendis dans le
local des jeunes pour les nettoyer. Sur ce, je me suis dit qu'il
devrait y avoir encore plus d'images, non seulement à
Vevey, mais encore dans d'autres paroisses.
AS : Comment
avez-vous trouvé d'autres images?
ER : J'ai appelé mes
collègues pasteurs et les administrateurs et suis allée
de paroisse en paroisse. C'est ainsi que d'autres images se sont
ajoutées au lot, et quand j'ai été mutée
à Schaffhouse en 1983, j'emportais déjà
700 images avec moi. De 1990 à 1998, j'ai été
affectée à la paroisse de Zurich 8 - Inselhof.
A cette époque-là, je commençais à
numéroter et à cataloguer systématiquement
les images. En conversant avec des collègues pasteurs
plus âgés, j'ai appris qu'on utilisait autrefois
ces images très fréquemment à l'école
de dimanche. On les appelait "La grande galerie d'images
"ou "la vieille galerie d'images".
Plus j'assemblais d'images, plus j'étais enthousiasmée.
Je les utilisais souvent lors des cultes, des études bibliques
et dans l'instruction religieuse. Non seulement les images sont
captivantes, mais les textes accolés aux images sont très
intéressants.
AS : Pourquoi
la collection s'appelle-t-elle la " galerie d'images"?
ER : On pensait qu'en faisant
défiler des images devant le spectateur toute la Bible
apparaissait comme une grande galerie d'images.
AS : Comment
travaillait-on avec ces images?
ER : J'ai parlé à
ce sujet avec des moniteurs et monitrices d'école du dimanche
plus âgés. Chaque dimanche, une image était
prévue en rapport avec la leçon du jour. Les images
arrivaient par la poste sous forme de rouleaux; en plus il y
avait un livret d'accompagnement: "les leçons
de l'école du dimanche". D'abord on traitait
la leçon, ensuite seulement on avait le droit de découvrir
l'image, une façon d'éviter que les enfants ne
se distraient avant l'heure. Les images étaient fixées
sur un support comme pour un "Flipp-Chart" (NDT
: un chevalet de conférence) et chaque enfant pouvait
feuilleter une image de plus chaque dimanche. Quand un enfant
était attentif et avait retenu par exemple le contenu
de la dernière leçon, il recevait en cadeau l'image
en format réduit, "la petite galerie d'images",
ou comme on disait: "ein Fleissbildchen" (une
petite image pour enfants appliqués).
AS : Quel était
le but de ces images?
ER : Ce n'était pas en
premier lieu la diffusion d'images culturellement belles, mais
la diffusion du texte biblique. On était convaincu que
sans une connaissance approfondie de la Bible, on ne pouvait
guère vivre correctement sa foi chrétienne.
AS : N'a-t-on
employé ces images que pour les enfants?
ER : Non, également pour
les adultes, par exemple en Amérique, Angleterre, Italie,
etc. En Suisse, elles étaient utilisées avant tout
à l'école de dimanche, mais aussi dans les cours
d'instruction religieuse et dans les études bibliques.
AS : Un mot sur
l'histoire de ces images!
ER : Les images sont apparues
entre 1865 et 1921. L'acheminement des images depuis l'atelier
du peintre jusqu'au "bon pour le tirage" prenait
habituellement douze ans!
AS : Pourquoi
douze ans?
ER : Tout le processus durait
parfois encore plus longtemps. A cette époque, il n'y
avait pas d'avions ni de moyens de transmission rapides à
l'échelle mondiale. Les peintres, en majorité originaires
des USA et des pays européens, devaient soumettre leur
image au jury de la fédération mondiale des écoles
du dimanche. Celui-ci décidait alors si les images convenaient.
Il y avait des critères pour ces images, par exemple elles
devaient être fidèles à la Bible, être
proches du texte et ne pas en rajouter. Pour les pays germanophones,
ces images venaient alors jusqu'à la maison d'édition
Anker à Dresde où on rajoutait le texte, puis repartaient
à Cincinatti aux États-Unis pour l'impression.
De là, elles étaient réexpédiées
selon la langue dans les pays correspondants. Chaque année,
quatre rouleaux de 13 images étaient ainsi réalisés.
AS : Pourquoi
n'y a-t-il plus eu aucune nouvelle image après 1921?
ER : Après la Première
Guerre Mondiale (1914-18), il y avait un grand manque de papier.
A quoi s'ajoute l'importance du stock d'images disponibles. En
outre, le jury ne pouvait pas travailler pendant la guerre et
n'avait pas été renouvelé.
AS : Qui en principe
a été à l'origine de ces images?
ER : Je n'ai pas découvert
jusqu'à maintenant qui en était l'initiateur. Probablement
qu'il n'y en avait pas. Je pense qu'on doit en chercher
l'origine en Europe.
J'ai aussi des images avec un texte suédois ou espagnol.
Je poursuis mes recherches sur cette question.
Des images qui "parlent"
de la Bible...
AS : Qu'est-ce qui
vous frappe personnellement dans ces images?
ER : La Bible. L'histoire biblique
me fascine. Cette diversité, cette richesse qui mène
de la Création à l'Apocalypse en passant par les
prophètes, les Psaumes et les Évangiles. Ça
correspond exactement à ce que j'ai vécu en tant
qu'enfant. Mon père était missionnaire. Il a raconté
non seulement les histoires classiques aux Chinois, mais aussi
présenté tous les Psaumes et une partie des prophètes,
etc. Et la "galerie d'images" reflète parfaitement
cette histoire. Depuis des années, je m'inquiète
de ce que les gens ne lisent pratiquement plus la Bible. Plusieurs
ne connaissent rien de plus de la Bible que ce que le pasteur
lit du haut de la chaire le dimanche.
AS : D'où
cela vient-il?
ER : Je pense surtout de la
paresse. Les gens lisent certes beaucoup de livres et de revues
et racontent qu'ils ont entendu ces histoires au cours de l'instruction
religieuse. Mais ils ne lisent plus les histoires. Je suis convaincue
qu'un chrétien qui lit régulièrement la
Bible vit une transformation de sa personne. Lire soi-même
la Bible c'est totalement différent que de se la faire
raconter. Il faut considérer que depuis longtemps déjà
tous les enfants ne viennent plus à l'école de
dimanche et à l'instruction religieuse. Il est nécessaire
d'apporter le message biblique tel qu'il est écrit aux
femmes et aux hommes de notre temps. J'ai très à
coeur que les gens apprennent à connaître la Bible
et vivent avec elle.
Interview : Andy
SCHINDLER-WALCH
Kirche und Welt
N°16, 8 août 2002
NDLR : S'il devait encore subsister l'une ou l'autre reproduction
de ces images dans les greniers des Églises Méthodistes
en France, veuillez en informer Elisabeth RUSSENBERGER (Mettlenstrasse
43, 8193 Eglisau, Tel. : 0041 1 867 57 22).
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