Au cours de la mission d'enseignement et
de visites du 5 au 22 février 2001 (avec Kean UNG et Patrick
STREIFF) trois visages d'une jeune Église m'ont particulièrement
impressionnés :
Vendredi soir:
Après deux semaines d'enseignement intensif regroupant
150 responsables et collaborateurs(trices) d'Églises Méthodistes,
c'est le culte de clôture, avec sainte cène.
Quelle joie et quelle ferveur s'expriment pendant le temps de
louange, au moyen des merveilleux chants cambodgiens, de composition
souvent très récente!
Avant de repartir dans leurs villages et de retrouver toutes
les difficultés d'une minorité noyée dans
la masse bouddhiste, le moment de la sainte cène est vécu
de façon particulièrement intense : nombreux sont
ceux et celles qui pleurent en se remémorant les souffrances
et la mort de Jésus pour le pardon de nos fautes.
Pleurs de joie aussi devant l'offre de ce pardon et de cette
communion accordés sans réserve par le Christ ressuscité,
qui envoie et qui promet sa présence quotidienne "jusqu'à
la fin du monde " .
Dimanche matin :
60 km de route normale suivis de 30 km de piste assez pénible
et nous voici au village d'Okorky où nous sommes invités
au culte. Où est l'Église ? Inutile de chercher
un bâtiment spécial, il n'y en a pas. La réunion
a lieu à l'ombre d'un arbre, dans la cour d'une des maisons
sur pilotis de ce village. Tout le monde s'assied par terre,
en tailleur, sur des nattes : une cinquantaine de femmes, d'hommes,
d'enfants et de vieillards groupés en cercle. Au centre
du cercle : 3 Bibles et 2 cantiques, le seul " matériel
" appartenant à l'Église. Cela n'empêche
pas l'assemblée de chanter de tout coeur.
Un groupe d'enfants et un groupe de jeunes présentent
avec joie des chants avec les gestes que leur ont enseignés
des moniteurs venus d'une Église voisine. Deux jeunes
filles chantent de façon touchante un chant composé
par leur maman, qui raconte comment Dieu l'avait sauvée
au temps des Khmers Rouges et comment elle avait accepté
de suivre Jésus-Christ.
Toute l'assemblée écoute le message avec grande
attention, même lorsqu'une vache trop curieuse entre dans
la cour et s'approche du cercle! Elle est conduite vers la sortie
avec douceur.
Il s'agit vraiment d'un culte "ouvert" : des
passants s'arrêtent, écoutent à la clôture,
d'autres rentrent et restent debout ou viennent s'asseoir ...
Merci Seigneur pour ces moments de communion fraternelle vécus
dans la plus grande simplicité dans l' " Église
" d'Okorky !
Dimanche après-midi :
Nous participons au culte de l'Église Méthodiste
de Takhmao, dans la grande banlieue de la capitale Phnom-Penh.
Il s'agit d'une communauté qui a déjà plusieurs
années d'ancienneté et qui se réunit dans
un bâtiment d'Église en bois : une construction
simple et belle dans le style des maisons du voisinage. Comme
la plupart de ces maisons, elle est sur pilotis, mais - particularité
intéressante - sous et autour de l'Église un étang
de pisciculture a été aménagé. La
vente des poissons apporte ainsi quelques ressources à
l'Église.
Le culte est bien structuré, une quarantaine d'adultes
et beaucoup d'enfants et de jeunes y participent. Une chorale
d'enfants en uniformes confectionnés par le pasteur, Mme
HUY LEANG HENG, entraîne l'assemblée dans la louange.
Au moment de l'offrande, les fidèles s'avancent en chantant
pour déposer leur don sur l'autel.
Après le culte, les hommes d'une part et les femmes d'autre
part, se réunissent en cercles pour discuter du message
qu'ils viennent d'entendre, cela se fait ici tous les dimanches.
Mme H. L. H. fait aussi une collecte spéciale pour une
famille avec 5 enfants dont la maison s'est effondrée
par suite des inondations.
La paroisse compte une école du dimanche, un groupe de
jeunes et un groupe de femmes avec enseignement de couture.
Mme H. L. H. s'occupe aussi de plusieurs orphelins.
Nous partons avec l'impression d'avoir vu une Église arrivée
à une certaine maturité, qui a une vie communautaire
et qui mérite pleinement le nom d'Église.
Lundi après-midi :
Le pasteur TAVEE (de l'Association " Atitan ")
qui dirige ce projet avec le soutien du pasteur Kean UNG, nous
emmène dans une banlieue marécageuse de Phnom-Penh.
Plusieurs familles (souvent des veuves ou des femmes atteintes
du sida, avec des enfants) y vivent dans des maisons pauvres,
sur pilotis. Une communauté chrétienne y a été
créée il y a 2 ans par le pasteur TAVEE.
Nous rencontrons les gens de cette communauté en train
de travailler avec ardeur, femmes, enfants et hommes à
la finition de leur Église, sous la direction d'un maçon
: un bâtiment en parpaings de ciment avec un bon toit en
tôle ondulée, simple mais solide et bien conçu.
Grâce au travail volontaire des membres de la communauté,
le prix de cette construction ne dépassera pas 2 000 US
$. Les gens travaillent avec joie : on sent que ce sera vraiment
" leur " Église.
Le responsable de la communauté nous montre aussi les
champs de légumes, l'élevage de canards et de porcs
(lancés avec l'aide d' " Atitan ") et
qui permettent déjà aux membres d'avoir des revenus
en vendant les fruits de leur travail. Un étang de pisciculture
sera encore ajouté.
Un soutien financier de l'extérieur sera accordé
pendant 5 ans, après quoi la communauté devrait
fonctionner de façon indépendante et trouver la
rémunération de son responsable.
C'est un bel exemple de solidarité fraternelle et d'engagement
de tous, prenant en compte les besoins d'aide spirituelle et
matérielle d'une Église naissante parmi les plus
pauvres des habitants du pays.
Daniel HUSSER
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