Méditation
DONNE-NOUS AUJOURD'HUI
LE PAIN DE CE JOUR Mt. 6, 11
La demande du Notre Père a traversé les
siècles, même si les traductions ont changé.
Avec des mots d'une simplicité profonde elle véhicule
le message de la Parole de Dieu qui place l'humain devant son
Créateur. Ce que nous croyons être nôtre,
ce que nous estimons avoir mérité de bon droit,
parce que acquis après un travail accompli avec engagement
et sérieux, ce que nous pensons être le fruit de
la valeur de nos diplômes ou de notre savoir-faire, n'est
en réalité que le signe de la miséricorde
de notre Dieu qui permet que nous possédions le pain de
ce jour et bien davantage. Et pourtant, la réalité
de la vie nous montre que notre coeur peut être habité
par la peur de ne pas posséder assez.
L'expression « le pain de ce jour » est plus
large que ce que nous comprenons sous le pain que nous achetons
chez le boulanger. Il symbolise toute nourriture humaine, il
englobe également tout ce dont l'humain a besoin pour
vivre sur le plan matériel, sur le plan spirituel, sur
le plan relationnel.
La demande nous renvoie également à l'Ancien
Testament. Elle nous rappelle l'histoire du peuple d'Israël
en marche vers le pays promis. Pendant cinq jours de la semaine
le peuple pouvait cueillir le matin la manne, son pain quotidien.
Le sixième jour de la semaine il récoltait la manne
pour en posséder suffisamment pour deux jours. Mais l'histoire
du peuple d'Israël nous remémore encore une autre
vérité. Le peuple n'avait pas seulement besoin
de pain (et d'eau) pour nourrir le corps. Sur ce long chemin
vers la terre d'Israël, ils avaient aussi besoin de paroles
qui l'aidaient à demeurer en accord avec la volonté
de Celui qui les avait délivrés de l'esclavage
du pays d'Égypte. Les dix commandements lui ont été
donnés pour qu'une vie sociale et religieuse soit possible.
Le pain de ce jour comprend aussi les paroles qui viennent d'en
haut, qui nous rappellent qu'un autre a autorité sur nous
et que ces paroles donnent un fondement à notre vie et
nous placent dans la dépendance heureuse et reconnaissante
de Dieu.
Dans le Nouveau Testament, les paroles de Jésus
avant sa crucifixion, lors du dernier repas avec ses disciples,
« Prenez et mangez », nous proclament que notre bonheur
n'est qu'en lui, que le pardon qu'il nous offre à la Croix
est notre pain le plus précieux. Ce pain qui souligne
toute la miséricorde et toute la tendresse de Dieu. Les
paroles du cantique « J'ai besoin de ta confiance »
nous disent que le pain de ce jour dont nous avons besoin comprend
également la confiance, la présence, la patience
de Dieu sans lesquelles notre vie manquerait de l'essentiel.
J'AI BESOIN DE TA CONFIANCE
J'ai besoin de ta confiance, Pour vivre chaque
jour.
J'ai besoin de ta présence, J'ai besoin
d'être sûr de ton amour.
Pouvoir frapper à ta porte, Parler
en vérité.
Savoir que tu réconfortes Et chez toi
être toujours invité.
J'ai besoin de ta patience, De ta sincérité.
Tu entends mes confidences, Et chez toi, je
suis en sécurité.
La demande nous invite aussi à penser et agir
en faveur de ce qui manque dans un domaine particulier de ce
qui nous est nécessaire. Nous recevons pour donner. Nous
recevons pour partager. Même si nous considérons
que notre richesse n'est que relative. Même si notre environnement
veut nous faire croire que nous ne sommes pas véritablement
ce que nous devrions être si nous ne possédons pas
ceci, ou s'il nous manque cela. En formulant la demande du Notre
Père, nous pensons aux missionnaires qui sont partis pour
faire profiter d'autres peuples de leur savoir-faire. Les hôpitaux,
les écoles, l'assistance technique et l'enseignement technologique
ont été des lieux de partage et de don «
du pain quotidien». Nous pensons aux hommes de bonne volonté
qui ne se sont pas considérés comme des chrétiens
mais qui ont oeuvré pour que d'autres reçoivent
ce dont ils ont besoin dans différents domaines de la
vie. Nous pensons à ceux qui s'engagent pour que le pain
de la liberté soit offert aux opprimés, que la
pain de la dignité humaine soit accordé aux exploités,
que le pain de l'accueil soit donné à ceux qui
n'ont plus de repères dans notre société.
C'est à Bethléem, la maison du pain, que
Christ est né. Que Dieu nous aide à devenir pain
pour les autres, à vivre notre espérance vivante
en Christ, à communiquer le message de salut de celui
qui est le pain de vie, à partager le pain que nous avons
reçu car il est plus abondant que ce dont nous avons besoin,
que ce que nous avons demandé.
Willy FUNTSCH