Nous avons récemment évoqué l'abondante
correspondance de John WESLEY (numéro de mars 2004). Un
de nos lecteurs nous a fait parvenir la traduction de sa dernière
lettre, qu'il a écrite une semaine avant sa mort à
l'abolitionniste William WILBERFORCE, membre du parlement britannique
pour la ville de Hull où on peut visiter sa maison. William
WILBERFORCE n'a pu faire voter l'abolition de l'esclavage qu'en
1807.
Balam le 24 février 1791
Monsieur,
A moins que la puissance divine vous ait élevé
pour être comme Athanase contre le monde, je ne vois pas
comment vous pouvez mener à bien votre glorieuse entreprise
en vous opposant à cette exécrable infamie, scandale
de la religion, de l'Angleterre et de la condition humaine. A
moins que Dieu vous ait élevé à cette fin
précise, vous serez épuisé par l'opposition
des hommes et des diables. Mais si Dieu est pour vous, qui pourra
être contre vous ? Seraient-ils tous ensemble plus forts
que Dieu? Ô ne vous lassez pas de faire le bien ! Persévérez,
au nom de Dieu muni de la force de sa puissance, jusqu'à
ce que l'esclavage américain même (le plus vil qui
eût jamais vu le soleil) pût disparaître devant
elle.
Lisant ce matin un tract écrit par un pauvre Africain,
je fus particulièrement frappé par le fait qu'un
homme de peau noire qui est traité injustement ou outragé
par un blanc n'a pas de recours en droit ; la loi dans toutes
nos colonies veut que la parole d'un noir contre celle d'un blanc
ne compte pour rien. Quelle bassesse que ceci !
Que celui qui vous a guidé depuis votre enfance continue
de vous enhardir en ceci et en toutes choses, c'est la prière,
monsieur, de
Votre serviteur affectionné,
John WESLEY
Traduction : Cédric MAY