MARS
2004
John
Wesley
A l'origine
du méthodisme:
Vous avez du
courrier de John Wesley
Par John SINGLETON *
Si WESLEY avait vécu au XXIe
siècle
Il serait intéressant de se demander quel parti
le fondateur du méthodisme aurait tiré des techniques
de communication actuelles, si elles avaient existé au
XVIIIe siècle.
John WESLEY, avec ses qualités d'orateur et d'animateur
de débats, aurait fait un bon commentateur de TV ou de
radio; son engagement dans le débat public par le biais
des journaux de son temps et son assiduité à écrire
son journal personnel suggèrent qu'il aurait pu être
une figure dominante du monde du journalisme ; enfin, son aptitude
à écrire et distribuer des livres l
'aurait
certainement porté à l'avant-scène de l'édition
religieuse contemporaine.
Il y a cependant une autre forme de communication que John aussi
bien que Charles WESLEY maîtrisaient admirablement: l'art
épistolaire. Les courriers électroniques voleraient
certainement en masse autour du monde, car les deux frères
ont écrit des milliers de lettres pendant leurs vies.
Un moyen de communication vital:
Ils en ont passablement échangé entre
eux. Mais John en particulier était un correspondant prolifique,
s'adressant à des gens de toutes conditions. Pour lui,
les lettres étaient un moyen de communication vital. Il
était prompt en effet à admonester responsables
locaux et prédicateurs du mouvement méthodiste
naissant s'il pensait qu'ils avaient dévié des
règles ou étaient enclins à suivre leurs
propres voies en matière d'organisation ou de doctrine.
Mais il était tout aussi prompt à féliciter
et encourager, en particulier lorsqu'il savait que des méthodistes
locaux étaient confrontés à des circonstances
difficiles. Ses lettres pastorales révèlent une
empathie fondée sur sa connaissance personnelle des gens
et des persécutions dont ils étaient souvent victimes.
Nombre de lettres de WESLEY contiennent une vive défense
contre les critiques adressées au mouvement et à
lui-même. Qu'il s'agisse de doctrine, de ses relations
avec l'Église anglicane, de l'attrait du mouvement méthodiste
sur la classe ouvrière ou encore de la tendance des premiers
prédicateurs méthodistes à évangéliser
en plein air, il a toujours su prendre le temps et faire l'effort
de répondre soigneusement - et souvent longuement - à
ceux qui lui écrivaient. Certaines de ses lettres semblent
aujourd'hui extrêmement ennuyeuses mais nombre d'entre
elles sont fascinantes et plusieurs expriment une tendresse et
un amour qui en surprendraient plus d'un.
La manière de penser et les
motivations de WESLEY :
Fort heureusement, nombre de ses lettres ont survécu
et, grâce au travail d'érudits et de compilateurs
méthodistes, elles nous donnent un aperçu de la
manière de penser et des motivations de WESLEY.
Sa famille n'était pas épargnée
Être membre de la famille de WESLEY ne protégeait
pas nécessairement de ses critiques acerbes. «Hélas,
mon frère!», écrit-il à son beau-frère
anglican, le pasteur Westley HALL, en août 1743. «Qui
te dira la pleine vérité? Tu es un homme faible,
malavisé, inconstant, irrésolu, profondément
enthousiaste, fortement imbu de toi-même, et donc une cible
toute trouvée pour ceux qui te prennent par ton côté
faible, la vanité». Le malheureux HALL valait
bien sûr mieux que cela, mais l'une de ses actions malavisées
avait été de «laisser tomber»
l'une des soeurs de WESLEY et d'en épouser une autre.
Pourtant, et malgré la rudesse de son ton, WESLEY signait
toujours: «Ton ami véritable et ton frère
affectionné».
De temps à autre, un recours
à la justice
WESLEY et d'autres pionniers du méthodisme
ont souvent été l'objet de harcèlements
qui pouvaient parfois aller jusqu'à la violence physique.
D'ordinaire, ils subissaient la chose avec patience; mais de
temps à autre, WESLEY était d'avis qu'il fallait
résister en recourant à la justice.
Ainsi, un incident survenu à Newcastle en 1745 donna lieu
au bref message suivant, adressé à un certain Robert
YOUNG: «Je m'attends à vous voir, entre ce jour
et vendredi, et à vous entendre me dire que vous êtes
conscient de votre faute. Sinon, par pitié pour votre
âme, je serai obligé d'informer les magistrats de
votre agression commise contre moi hier, dans la rue. Je suis
votre ami véritable, John WESLEY». YOUNG a effectivement
rencontré WESLEY et lui a promis «un comportement
très différent».
Des conseils à ses prédicateurs
Les conseils de WESLEY à ses prédicateurs
étaient toujours mûrement réfléchis
et témoignaient d'un réel intérêt.
En novembre 1747, il écrit : «Mon cher frère,
lorsque tu prêches en public, ne dis pas un mot contre
des opinions, quelles qu'elles soient. Nous ne combattons pas
des notions, mais des péchés. Et ne t'avise jamais
d'ouvrir tes lèvres, ne serait-ce qu'une fois, contre
la prédestination. Cela créerait plus de troubles
que tu ne peux l'imaginer. Concentre-toi sur notre point essentiel:
présente le salut personnel par la foi, par la preuve
divine du pardon des péchés».
En février 1753, c'est un autre prédicateur, Thomas
CAPITER, qui reçoit un bon conseil: «C'est une
règle constante parmi nous qu'aucun prédicateur
ne devrait prêcher plus de deux fois par jour, à
l'exception des dimanches ou de circonstances extraordinaires
; dans ces cas-là, il peut prêcher trois fois»,
écrit WESLEY. «Nous savons bien que la nature
ne supporte pas une prédication plus fréquente
que cela ; par conséquent, dépasser cette norme
est une forme de suicide». Il poursuit en conseillant
à ses prédicateurs de ne pas parler plus d'une
heure à la fois (prière incluse) et de ne pas parler
plus fort que nécessaire en fonction du nombre d'auditeurs.
La preuve de l'avantage de se lever très tôt pour
prêcher est rapportée dans une lettre écrite
de Dublin à son frère Charles et datée d'avril
1748. «J'ai commencé à expliquer les Actes
des Apôtres à cinq heures du matin», écrit-il.
«Aujourd'hui, la salle était assez pleine, mais
il continuait à en venir tout le temps. Je vois de plus
en plus distinctement la folie qui consiste à donner un
espace au diable. Nos prédicateurs repoussent l'heure
de la prédication jusqu'à six heures du matin,
dans l'idée que plus de gens puissent y assister. Mais
maintenant, je vois que comparé au nombre de personnes
venant à six heures, il y en a quatre fois plus qui viennent
à cinq heures».
Sa correspondance amoureuse
Nous savons que le mariage de WESLEY avec Mary VAZEILLE
se termina mal, mais qu'il connut également des jours
heureux. «Mon cher amour», a-t-il écrit
de Newcastle en mai 1752, «Ton nom est bien aimé
parmi ces gens. Ils parlent beaucoup de toi, ne savent pas comment
te mentionner assez élogieusement, même à
propos de petites choses comme la simplicité de ton costume,
le fait que tu sois assise parmi les pauvres pendant le sermon,
que tu boives de l'infusion de sauge et ne te montres pas délicate
en matière de repas. Leur façon de me parler de
toi me fait souvent monter les larmes aux yeux».
Nombre de lettres écrites par WESLEY (ainsi que celles
qui lui ont été adressées) sont aujourd'hui
rassemblées dans des ouvrages parus au fil des ans, en
particulier ceux de Frank BAKER. Les lettres reflètent
le grand talent de WESLEY dans le domaine de la communication.
Surtout, elles révèlent son profond souci pastoral,
son réel don comme avocat de la cause de l'Évangile,
son génie de l'organisation et son extraordinaire attention
aux détails.
* SINGLETON écrit pour le « Methodist Recorder
» de Londres.
Traduction : Frédy SCHMID
Source : Service de presse évangélique méthodiste
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