JUILLET
& AOÛT 2003
Le monde
est ma paroisse
Des femmes à l'honneur
Hommage à Sarah
Ann GILL,
Sans le courage de Sarah Ann GILL, l'Église
Méthodiste n'aurait jamais vu le jour dans l'île
de la Barbade (Petites Antilles). Née le 16 février
1795 et décédée le 25 février 1866,
cette jeune veuve a pris la défense de l'Église
Méthodiste persécutée au début du
19e siècle. Son épitaphe résume à
lui seul le combat héroïque de cette battante de
la foi : « l'héroïne du méthodisme
à la Barbade a pris la défense du méthodisme
quand son existence était menacée dans les années
1823-1825. Elle a été persécutée
et poursuivie. Une mère en Israël. »
Citoyenne de second rang, sujet britannique de couleur et
femme libre, elle a osé s'attaquer avec succès
à « l'inhumanité de la classe dirigeante
privilégiée », du gouverneur colonial
comme de la Chambre des Représentants alors bien remontés
contre les méthodistes qui étaient tous assimilés
à des agitateurs anti-esclavagistes ou à des agents
de la société anti-esclavagiste basée en
Angleterre.
GILL a été associée au méthodisme
pour la première fois en 1819, quand elle a fait une donation
de 10 livres pour la construction de la première chapelle
méthodiste construite en dur à Bridgetown.
Deux semaines après l'achèvement de cette chapelle,
quelques 150 à 200 personnes ont démoli le bâtiment
de deux étages. Ni cet attentat ni la pression exercée
par les autorités n'entamèrent la détermination
de GILL à persévérer dans la foi, puisqu'elle
a tenu des cultes à son domicile à défaut
de disposer d'un lieu de culte public malgré la surveillance
constante du « Comité de Sécurité
Publique ».
GILL a été, de l'avis de tous, une femme pleine
d'amour et de pitié pour ses persécuteurs : elle
a espéré jusqu'au bout que ses persécuteurs
fréquentent un jour fidèlement la chapelle méthodiste.
Son attachement fidèle à Dieu l'a protégée
des privations. A tout jamais, elle reste un exemple de courage.
Hommage à la fondatrice de la
fête des mères
Elle ne paye pas de mine : non mariée, sans
enfant, elle achève sa vie dans la pauvreté et
la misère. On lui doit pourtant la création d'une
institution reprise de par le monde, la fête des mères.
Son nom : Anna Maria REEVES JARVIS, fille d'un pasteur méthodiste,
née en 1864 à Grafton dans l'état de Virginie
(U.S.A.) au sein d'une famille nombreuse. Sur les onze enfants
que comptait la famille, seuls quatre enfants ont survécu
et atteint l'âge adulte.
Sa mère avait très tôt la fibre patriotique
et le sens aigu de la famille : elle a mis sur pied les fameux
« Mothers Days Works Clubs » pour améliorer
les conditions de vie des familles américaines. Ces clubs
s'étaient aussi impliqués au cours de la guerre
de sécession (1861-1865). Leur rôle n'a pas été
mineur dans le rapprochement des familles divisées par
la guerre. La mère d'Anna REEVES JARVIS a créé
les « Mothers Friendships Days » qui permettaient
le rapprochement d'anciens soldats du nord et du sud des USA
avec leurs familles.
A sa mort, sa fille Anna a poursuivi en quelque sorte le travail
de sa mère en créant d'arrache-pied la fête
des mères et en contribuant à en faire une institution
non seulement nationale mais internationale.
A ses yeux, les mères devaient recevoir de leur vivant
déjà tout le respect et l'amour qui leur étaient
dus en un jour particulier. Cette conviction explique la croisade
menée par Anna REEVES JARVIS.
En 1907, elle lança une pétition sur une grande
échelle en sensibilisant une foule de décideurs
à cette généreuse idée qui lui réserveront
un accueil favorable.
La première fête des mères vit le jour le
10 mai 1908 dans l'Église Méthodiste de Grafton
et à Philadelphie. Anna remit à ses frais 500 oeillets
blancs aux femmes présentes à l'Église ce
jour-là en signe d'hommage. Au fil des années,
Anna offrit plus de 10000 oeillets à Grafton.
Son idée de fête des mères finit par s'imposer
partout aux États-Unis en 1914 ; par la voie d'un décret,
le président américain Woodrow WILSON désigna
même cette journée de fête des mères
comme un jour férié national.
Le monde entier
En quelques décennies, le monde entier a repris
cette idée géniale et généreuse.
Un triomphe pour Anna REEVES JARVIS qui ne lui fit jamais prendre
la grosse tête. Elle était même dépitée
par la tournure commerciale que prit cette fête. «
Les gens font du commerce avec ma fête des mères
! » déplora-t-elle en public et elle ajouta
: « Je n'ai pas voulu cela. Ce devait être une
journée du coeur et non du fric ! » Elle se
fâchait en particulier contre les fleuristes, qui firent
des affaires florissantes à cette occasion. Elle leur
intenta même des procès ; non seulement elle les
perdit tous mais elle y engloutit toute sa fortune. La pauvreté
et l'amertume la gagnèrent ; elle finit par douter de
l'opportunité même de cette journée dédiée
aux mères. Elle décéda en 1948 dans un sanatorium
de Pennsylvanie à l'âge de 84 ans. En l'honneur
de la défunte, les carillons de l'Andrews Methodist Episcopal
Church de Grafton résonnèrent à 84 reprises
lors des obsèques.
La Conférence Générale de l'Église
Évangélique Méthodiste reconnut en 1952
l'Andrews Methodist Episcopal Church comme l' « Église
mère de la fête des mères ». L'église
devint un musée et tient lieu de mémorial international
de la fête des mères.
Jean-Philippe WAECHTER
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