Sommaire 
      Éditorial 
 
      Méditation 
      Le monde est ma paroisse 
      Poème 
      La spiritualité pour ou par le salut 
      Week-end inter-Églises 
      Page des jeunes 
      Mission Évangélique contre
      la lèpre 
      Témoignage 
      Nouvelles de Metz 
      Agenda | 
    
      Réflexion
      La spiritualité pour ou par
      le salut ? 
      " N' aimez pas le monde ni ce qui est dans le monde " 
      1 Jean 2.15
      La spiritualité au sens le plus large  
      Nous sommes tous appelés à aimer la vie que
      Dieu nous a donnée, à nous émerveiller devant
      la splendeur de la création et à goûter les
      plaisir et les joies que nous réserve notre nature Mais
      tout aussi inévitablement nous sommes voués à
      un certain désenchantement. La Bible de Jérusalem,
      résumant ce qu'il y a de moins original dans la pensée
      de l'Ecclésiaste, constate que " tout est décevant
      : la science, la richesse, l'amour , la vie même. Celle-ci
      n'est qu'une suite d'acte décousus et sans portée
      (Qo 3.1-11) qui s'achève par la vieillesse et par la mort.
      " 
      Quand il prend conscience de ce qu'il est présentement,
      l'être humain, quoi qu'il en dise, est plutôt déçu,
      et sa déception s'accompagne du désir de dépasser
      en mieux la condition qui est la sienne sur cette terre. Voilà
      la source et même la définition de ce qu'on appelle
      - en son sens le plus large - la spiritualité. Et celle-ci
      se manifeste concrètement par de la mystique (toutes sortes
      de mystiques, des bonnes et des mauvaises, des grossières
      et des raffinées). Car l'être humain, à la
      différence des animaux, n'est pas seulement corporel :
      il est également spirituel, c'est-à-dire qu'il
      voit plus loin et qu'il espère mieux que ce que lui donne
      présentement sa nature. 
      La spiritualité, quand elle n'est pas suffisamment remise
      dans le droit chemin par un effet de la grâce divine, conduit
      inéluctablement à des aberrations, par suite du
      " péché originel ", qui nous a détraqués
      au plus intime de nous-mêmes. D' une part, la déception
      devant la vie, telle que Dieu nous l'a donnée, nous incite
      à la mépriser : or ce mépris de la vie n'est
      pas autre chose que le refus de la morale, laquelle vise en définitive
      à respecter la vie et à oeuvrer pour la conserver.
      D'autre part, notre désir profond et inévitable
      d'améliorer notre condition terrestre nous pousse insidieusement
      à essayer d'en sortir. 
      Insidieusement car "vous serez comme des dieux"
      disait le serpent aux deux premiers humains, qui pourtant avaient
      été créés " à l'image
      et à la ressemblance " de Dieu (Gn 1.26 et 3.5).
      En tout cas, on a eu recours, de tout temps, à diverses
      techniques pour faire reculer les bornes assignées à
      notre nature. Par exemple, Albert SCHWEITZER signale que les
      brahmanes ( la caste sacrée des prêtres hindous)
      , dans le courant du premier millénaire avant J-C, avaient
      eu recours à un stupéfiant appelé soma,
      et sous l'effet de ce breuvage euphorisant, ils chantaient fort
      significativement : " Nous avons bu le soma, nous sommes
      devenus immortels, nous avons trouvé les dieux. "
      Par la suite, ils délaissèrent la drogue pour lui
      préférer la " concentration mentale
      " et le yoga. Mais le but restait le même : se délivrer
      de soi-même et du fardeau de vivre tels que nous sommes
      faits. Vers la même époque, les brahmanes devenus
      vieux se faisaient volontiers ermites pour finalement se débarrasser
      de l'existence soit par la faim, soit par le feu, soit par la
      noyade. SCHWEITZER expose tout cela dans un célèbre
      ouvrage, " Les grands penseurs de l'Inde " qui
      en dépit de quelques faiblesses et approximations a le
      mérite de montrer combien une civilisation païenne
      (hindoue, en l'occurrence) a du mal à concilier la spiritualité
      et la morale. La morale, bien qu'indispensable, n'est pas moins
      suspecte : elle semble vouloir perpétuer le déplorable
      emprisonnement de l'esprit dans la matière. 
      Pour le christianisme, en revanche, s'il y a une difficulté,
      elle n'est pas de ce genre-là. En effet, il professe que
      Dieu le fils est un esprit qui s'est volontairement incarné
      ; tout comme le chrétien, racheté et pardonné,
      possède un corps "terrestre" et "naturel"
      qui est appelé à devenir "céleste"
      et " spirituel ". C'est ce que dit Paul dans
      un passage important ( 1 Co 18.42-49) que SCHWEITZER ne manque
      pas de signaler. Paul ajoute que le corps actuel du chrétien
      est la graine, la " semence " du corps futur,
      " céleste " et " glorieux
      ". La difficulté pour le chrétien consiste
      à vivre, dès à présent, cette germination,
      cette " transfiguration ", pourrait-on dire,
      de tout son être. En tout cas, l'existence actuelle, si
      pénible qu'elle puisse être parfois, n'a rien d'absurde
      comparée à la vie future : elle en est la condition
      indispensable, tout comme la graine est indispensable à
      l'éclosion de la plante. 
      Trois " vertus " solidaires 
      Les théologiens ont bien vu que le Nouveau Testament
      définit la spiritualité chrétienne comme
      le produit de trois " vertus " ( c'est-à-dire
      de trois force) : la foi, l'espérance et la charité
      ou amour. Ces trois vertus sont dites " théologales
      " parce que surtout elles viennent de Dieu. On dit aussi,
      dans même sens, qu'elle sont " surnaturelle
      " (mais le terme est moins heureux, puisque notre nature
      est capable de les accueillir.)  
      Ces trois vertus sont solidaires. Elles ne peuvent subsister
      qu'en se soutenant l'une par l'autre. 
      Par la foi, nous croyons avec certitude que nous sommes
      pardonnés par Dieu, réconciliés avec lui,
      rachetés et justifiés par le sacrifice du Christ.
      Dieu nous tient désormais pour entièrement justes.
 
      Voilà pourquoi Jésus peut dire à ses disciples
      : " Vous êtes le sel de la terre... la lumière
      du monde... votre lumière doit briller aux yeux des hommes
      pour que, voyant vos bonnes oeuvres, ils rendent gloire à
      votre Père qui est dans les cieux. " (Mat. 5:13-16)
      ; ou encore, priant le père pour ses disciples : "
      Ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis pas du monde...
      Comme tu m'as envoyé dans le monde, moi aussi je les ai
      envoyé dans le monde... Je ne prie pas pour eux seulement,
      mais pour ceux-là aussi qui, grâce à leur
      parole, croiront en moi " (Jean 17:16-20).  
      Par l'espérance de ce qui est invisible (c'est-à-dire
      notre salut : Rom 8.24) nous trouvons la force de voir ce qui
      est visible(c'est-à-dire notre péché). L'Apocalypse
      peut donc se faire comprendre quand elle invite les Églises
      qui ont perdu leur amour de jadis à se repentir (Ap 2
      et 3). Et s'adressant aux chrétiens individuels, Jean
      déclare : " Si quelqu'un vient à pécher,
      nous avons, comme avocat auprès du Père, Christ...
      victime de rachat pour nos péchés, non seulement
      pour les nôtres, mais aussi pour ceux du monde entier."
      (1 Jean 2.1-2) L'espérance nous permet de voir lucidement
      nos fautes et de ne pas nous décourager. 
      La foi et l'espérance des chrétiens ne sont pas
      des illusions qui feraient d'eux des "cymbales retentissantes
      " (1Cor 13.2). Car il y a aussi l'amour. Il vient
      de Dieu et se dirige vers nos frères humains en passant
      par notre personne qui, du coup , devient une réalité
      valable, puisqu'elle est ainsi reliée à Dieu et
      reliée à la Création. C'est l'amour qui
      nous rend sensibles à ce qui est bien et à ce qui
      est mal. Mais l'amour " ne tient pas compte du mal "
      (1Cor 13.5 ), en ce sens que notre aversion pour le mal est dictée
      par la bienveillance que nous éprouvons à l'égard
      de la nature humaine, la nôtre et celle d'autrui. 
      L'amour motive puissamment notre présence dans le monde,
      et rend possible la morale. Certes, il peut nous faire "
      aimer le monde et ses convoitises " (1 Jean 2.15-17)
      parce que, comme tout ce qui vient de Dieu, il peut être
      faussé et corrompu par le péché. Mais l'amour
      reste néanmoins un commandement de Dieu. Soigné
      et guéri par la grâce divine, l'amour nous libère
      en nous restituant notre vraie nature originelle. Ce n'est pas
      une drogue à fabriquer et à absorber pour échapper
      à ce que nous sommes, n'en déplaise aux hindouistes
      et aux bouddhistes de notre époque. 
      Conclusion 
      Pour tenir tête à l'engouement ( peut-être
      passager) que suscitent actuellement certains courants religieux
      issus de l'Inde, la théologie chrétienne fera bien
      de souligner la cohérence doctrinale du Nouveau Testament.
      Il invite à une spiritualité qui est loin d'être
      décousue et hétéroclite, mais forme un tout
      bien équilibré que consolide la complémentarité
      de la foi, de l'espérance et de la charité. Il
      faut enseigner, en s'appuyant sur l'Écriture, que la spiritualité
      chrétienne ne peut être faussée que par le
      péché. 
      De plus, la spiritualité chrétienne a le grand
      avantage de ne pas envisager le salut par suppression totale
      de notre personnalité et par fusion dans un Absolu indifférencié.
      Pas plus que le Fils n'est monté au ciel pour être
      entièrement épongé et annihilé par
      le Père, pas plus le chrétien n'ira se noyer dans
      un Dieu qui n'a jamais rien fait et qui ressemble donc au Néant
      éternel : espérance suprême des antique brahmanes
      ! En réalité, Dieu nous a créés,
      et notre personnalité subsistera en tant que créature.
      Cette affirmation constitue une heureuse originalité par
      rapport à ce qu'enseigne généralement le
      paganisme, aussi bien dans l'Antiquité gréco-romaine
      que de nos jours dans les religions d'Extrême-Orient...
      comme A. SCHWEITZER, dans son ouvrage cité plus haut,
      l'a fort bien compris et su le dire, en dépit de quelques
      simplifications dues à l'ampleur de son enquête. 
      
        Georges LAGUARRIGUE 
         
        
          
  
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